Publié initialement le 17 décembre 2012
Le premier graphe ci-dessous montre l’évolution comparée du PIB, de la demande interne hors stocks et de la demande interne privée (demande interne moins dépenses gouvernementales)
Pour l’ensemble de la zone Euro ces 3 indicateurs sont en recul. Recul par rapport au niveau observé avant la crise de 2008, recul également depuis un point haut observé durant l’année 2011.
Le PIB est sur une tendance négative depuis l’été 2011. Depuis le T3 2011 il recule en effet de -0.6%.
La demande interne (consommation des ménages + investissement + dépenses gouvernementales) est en baisse depuis le point haut du premier trimestre 2011. Elle se replie de -1.9% depuis.
La demande interne privée a aussi touché un point haut local au premier trimestre 2011 mais est en baisse depuis de -2.3%.
A travers ce graphe on perçoit la situation très préoccupante du secteur privé. Ni la consommation des ménages, ni l’investissement n’adoptent de trajectoire positive. L’adoption de stratégie très restrictive en Italie, en Espagne ou encore au Portugal a incité le consommateur à être attentiste en raison de la baisse de son revenu après impôt.
En raison de la trajectoire faiblement positive ou négative de son revenu après impôt il n’a pas été incité à dépenser davantage. Sa demande réduite a pesé sur l’activité et sur l’emploi renforçant ce mécanisme restrictif.
Les entreprises face à cette situation médiocre ont été hésitante pour investir (le principal ressort de l’investissement des entreprises est la demande anticipée). Elles l’ont été d’autant plus que le cadre institutionnel de la zone Euro n’apparaissait pas stabilisé (l’incertitude incite à reporter dans le temps le moment de l’investissement afin de le faire à bon escient)
Dans le graphe, les politiques d’austérité ont tendance à pousser vers le bas la courbe violette et la courbe bleue. La demande privée se replie pour les raisons évoquées pour le consommateur et l’entreprise. La demande interne est pénalisée par cette composante plus une dynamique limité des dépenses gouvernementales.
Or la seule question qui vaille est de savoir comment les trajectoires de celles-ci pourront être inversée rapidement. Si l’on s’imagine que faire reculer davantage ces deux courbes aura un caractère salvateur (la fameuse purge souvent évoquée) c’est ne pas imaginer que ce repli s’accompagnera d’un chômage encore plus important et d’un risque d’instabilité plus fort. On sait que ces derniers éléments ne sont pas linéaires. Il y a généralement des effets de seuil qui déclenchent une dégradation rapide.
La question pour 2013 est de savoir ce qui va changer dans la zone Euro pour modifier durablement la trajectoire de ces courbes ? C’est la seule question importante.
La probable stabilité institutionnelle plus marquée sera un élément important même si le retard pris sur l’Union bancaire pèsera sur ce cadre l’année prochaine.
La réduction des déficits publics soit en réduisant les dépenses de l’Etat soit en augmentant la fiscalité ne permettront pas de réduire la prudence des acteurs économiques. Souvent, c’était la stratégie de Cameron au Royaume Uni, il est imaginé que la stratégie rigoureuse de l’Etat permettra d’infléchir le comportement du consommateur et de l’entreprise en le rassurant sur le comportement et les engagements pris par l’Etat. Généralement et empiriquement cela ne marche pas.
Il faut donc trouver des solutions institutionnelles plus rapidement et ne pas vouloir réduire trop vite les déficits publics.
Parce que le problème pour 2013 est que l’on ne pourra pas compter sur une impulsion très robuste du reste du monde qui nous permettrait de modifier durablement notre trajectoire d’activité. Ni les USA ni la Chine ne créeront une impulsion suffisamment robuste pour modifier le profil de l’économie de la zone Euro. Dès lors si l’on adopte tous des comportements restrictifs il ne sera pas possible d’imaginer retrouver rapidement de la croissance.
Le deuxième graphique est celui des Etats-Unis. La dynamique n’y a rien à voir. La demande interne est relativement robuste. Elle l’est moins que dans les sorties de récession passées mais elle engendre une croissance plus stable et davantage d’emplois qu’en zone Euro. Le déficit public américain était à 7% du PIB sur l’année fiscale 2011/2012 bien au-delà du chiffre de la zone Euro.