Le solde du commerce extérieur chinois est devenu négatif en mars de 0.8 Mds de dollars. Ceci ne doit pas surprendre. Le graphique ci dessous montre qu’après les fêtes du Nouvel An chinois les importations repartent vivement à la hausse ce qui se reflète dans un déficit du commerce extérieur. Les vacances liées au Nouvel An se traduisent par une activité plus réduite qui est plus que compensée après.
Sur un an le solde cumulé est toujours très fort et sa tendance n’est pas remise en question. Ce solde est de 280 Mds de dollars.
Au cours du mois de mars les importations ont augmenté de 14.1% en comparant à mars 2012. Cependant en tendance le mouvement est moins rapide puisqu’en comparant les importations du premier trimestre 2013 au premier trimestre 2012 la progression n’est que de 8.8%. Il y a donc eu effectivement un effet rattrapage en mars et cela ne traduit pas nécessairement une demande interne très soutenue ni très dynamique. Il n’y a pas de raison a priori de voir les importations progresser à nouveau très rapidement. On ne le lit pas non plus dans les autres indicateurs chinois.
Les exportations qui avaient été très fortes en février en dépit de la fête du Nouvel An ce mois là (un net ralentissement était attendu en raison de la moindre activité) se sont infléchies en mars. La progression par rapport à mars 2012 est de 10% mais en comparant les premiers trimestres de chaque année la hausse est de 18.4%. Sur le graphique on relève le caractère particulier des derniers mois avec une hausse très rapide en rupture avec ce qui avait été constaté tout au long de 2012.
L’explication vient des effets induits de la reprise chinoise, progressive depuis l’automne 2012, sur ses voisins asiatiques (voir ma note ici sur cet effet d’entrainement). On observe effectivement que la contribution principale à la hausse des exportations chinoises se trouve en Asie. Le mouvement d’accélération avait été très vif en début d’année, il s’infléchit mais reste fort.Les contributions des Etats-Unis et de l’Europe restent modestes. La Chine ne trouve pas un support fort dans sa croissance auprès de ses deux clients les plus importants. Cela reflète aussi la dynamique modeste constatée aux USA et la période de récession de la zone Euro. La Chine n’est pas le seul pays émergent à souffrir de cette situation.
Pour avoir une mesure de la demande interne chinoise il est toujours intéressant d’observer la demande de pétrole. Le graphique ci dessous suggère que l’économie chinoise n’est pas encore dans une situation où la demande est robuste et durable. Cela peut être une orientation à retenir en attendant les statistiques d’activité qui seront publiées le lundi 15 avril (PIB du 1er trimestre)
Conclusion
Quatre points à retenir dans cette évolution du commerce extérieur chinois.
- L’accélération des exportations, résultat du rattrapage des pays asiatiques, est peut être achevée au risque de retomber sur une croissance des exportations voisine de 10% dans la durée.
- Les importations, en dépit de leur accélération en mars, restent sur un profil modéré reflétant une demande interne peu dynamique. La Chine doit continuer à œuvrer pour renforcer sa demande interne et rééquilibrer son processus de croissance vers la consommation et le marché intérieur.
- La dynamique de rattrapage sur les importations ne se prolongera pas. En conséquence le déficit du commerce extérieur n’est que temporaire. On observe bien sur le premier graphique que le mouvement d’ajustement est cantonné à un seul mois. Pas de raison, au regard d’une demande interne à la progression limitée, que cette situation soit remise en cause.
- Pour l’instant dans la continuité de 2012 nous n’attendons pas d’impulsion forte de la Chine sur le commerce mondial susceptible de modifier la trajectoire de la croissance globale. C’est en cela aussi que la période actuelle est différente de celle de l’avant crise.