Les résultats des enquêtes publiées ce jour suggèrent que l’activité n’accélère pas ou plus aux Etats-Unis et en Chine et qu’elle continue de se contracter rapidement en zone Euro. Aucune des trois grandes régions du monde ne semble susceptible de prendre en charge une amélioration durable de la conjoncture.
Les Etats-Unis n’ont plus ce rôle de locomotive qui était le leur dans les périodes difficiles et les chinois semblent en difficulté pour rééquilibrer leur économie vers leur marché interne. En zone Euro, l’absence de relais extérieur accentue les inquiétudes sur l’évolution de l’activité notamment en Allemagne où l’on constate que le flux de commandes à l’exportation se contracte un peu plus vite en avril. En France l’indice PMI s’améliore marginalement alors que celui du climat des affaires de l’INSEE recule rapidement et retrouve un niveau qui n’avait pas été atteint depuis l’été 2009.
Clairement cette situation ne va pas inciter les banques centrales à modifier leur politique monétaire et en écho aux propos de Jörg Asmussen ce week-end, la BCE pourrait même réduire son taux d’intervention et indiquer qu’elle maintiendra ce taux très bas pendant très longtemps. Personne n’imagine aujourd’hui qu’elle puisse durcir sa stratégie mais le dire permettra d’infléchir davantage les anticipations et favoriser ainsi la compétitivité de l’euro.
(Les enquêtes auxquelles il est fait référence par la suite ont une lecture simple. Lorsqu’un indice a un niveau supérieur à 50 cela indique une amélioration de celui ci . Cela peut être une hausse des commandes, de la production ou de l’emploi. Plus il s’éloigne de 50 par le haut plus l’accélération est forte.
Inversement un indice au dessous de 50 traduit une contraction de l’indicateur. Cela va du repli des flux de commandes à la baisse de l’emploi. Plus l’indice s’éloigne de 50 vers le bas plus la contraction est rapide)
Etats-Unis
L’indice PMI/Markit pour le secteur manufacturier s’est replié en avril pour s’inscrire à 52 contre 54.6 en mars et 54.9 en moyenne au cours du premier trimestre. L’activité progresse mais à un rythme moins rapide que sur les premiers mois de 2013. Ce mouvement de l’indice PMI est cohérent avec un ralentissement de la production industrielle au cours du 2ème trimestre. Il n’y a pas de rupture à la baisse mais la dynamique de l’activité ne s’accélère pas. D’ailleurs les flux de nouvelles commandes sont moins nourris et le ratio entre Nouvelles commandes et Stocks baisse à l’unité en avril. Les commandes à l’exportation sont moins haussières et les commandes en attente reculent légèrement.
Au regard de cette enquête l’économie américaine s’inscrit dans une dynamique qui n’arrive pas à accélérer. C’était déjà le sentiment que l’on pouvait avoir à la lecture des enquêtes de la Fed de New York (Empire State Index) et de la Fed de Philadelphie. Le risque de rupture est réduit mais aussi celui d’accélération
Chine
Les attentes sur la dynamique chinoise avaient été douchées par la faible progression du PIB au 1er trimestre (7.7% après 7.9% en T4 2012). La publication de l’estimation avancée de l’enquête PMI/Markit /HSBC n’a pas rassuré. L’indice est retombé à un niveau proche de 50 à 50.5 contre 51.6 en mars et une moyenne de 51.5 au premier trimestre. Le profil des nouvelles commandes est en progression moins vive et le ratio Nouvelles Commandes sur Stock s’est nettement infléchi. Les nouvelles commandes à l’exportation sont en-dessous de 50. L’emploi aussi s’érode.
L’économie chinoise ne progresse plus. L’effet de rattrapage dont avaient bénéficiées les économies de la zone asiatique est probablement en train de s’achever. Il y avait eu un mouvement de rebond consécutif au trou d’air chinois du printemps et de l’été 2012 puis à la reprise chinoise mais cela est probablement achevé.
Pour l’économie globale cette situation est aussi périlleuse car la Chine ne crée pas d’impulsion sur l’économie globale et ne joue plus le rôle de locomotive comme elle l’avait fait encore récemment.
Zone Euro
L’embellie de la fin d’année est achevée. L’indice pour l’ensemble de la zone Euro s’est inscrit à 46.3 contre 46.4 en mars et une moyenne de 46.9. L’activité continue de se contracter à un rythme rapide. Ici l’indice concerne l’ensemble de l’économie tant du secteur manufacturier que du secteur des services. Dans le détail l’indice du secteur manufacturier était à 46.5 en avril contre une moyenne de 47.5 au premier trimestre et l’indice des services s’est inscrit à 46.3 contre une moyenne de 46.7 sur les 3 premiers mois de l’année.
En d’autres termes, la dynamique de l’économie reste faible ce qui se traduit toujours par une contraction de l’emploi mais sans accentuation cependant par rapport à ce qui était observé au premier trimestre. L’indice est à 47.3 contre 46.9 en moyenne sur le premier trimestre.
Le point le plus préoccupant est le repli supplémentaire des nouvelles commandes. Le ratio des nouvelles commandes sur stocks a continué de se dégrader ce qui devrait se traduire par une contraction supplémentaire de la production industrielle au début du 2ème trimestre.
Cette situation laisse éventuellement une marge de baisse de taux d’intérêt pour la BCE
Allemagne
L’enquête PMI/Markit suggère que c’est l’Allemagne qui connait le retournement le plus rapide. L’amélioration de la fin d’année s’est inversée brutalement, peut être en phase avec un recul des perspectives en Asie (marché important pour l’Allemagne). Le graphe montre la cohérence des enquêtes. L’indice PMI/Markit est nettement en-dessous de sa moyenne et l’indice ZEW s’est retourné en avril en raison de l’inquiétude sur l’évolution de l’activité à 6 mois.
France
En France l’enquête PMI/Markit suggère une stabilisation et même une légère amélioration de l’indicateur synthétique. Il reste toutefois très largement en territoire négatif. Le sentiment de préoccupation concernant l’économie française n’a pas été levé par la publication de l’indice du cycle des affaires de l’INSEE qui synthétise les enquêtes dans l’industrie, les services, le bâtiment et les ventes de détail. Cet indice s’est inscrit à 83.6 son niveau le plus bas depuis août 2009 (la moyenne de cet indice est à 100 par construction). Les commandes à l’industrie restent très mal orientées (très bas niveau dans l’enquête de l’INSEE) avec un repli des commandes à l’exportation.
Il n’y a pas de changement de tendance. L’économie française est vraisemblablement en récession.