Le déséquilibre du marché du travail espagnol s’accentue mois après mois. Outre le nombre de chômeurs qui est de 6 millions, la proportion de ceux au chômage depuis plus de 2 ans est de 35%. C’est de loin la part la plus importante quand on regarde la répartition sur le graphe. Les flux entrants étant relativement stables (ceux de moins de 6 mois), la part des chômeurs ayant plus de 2 ans de chômage va continuer de croître fortement par transfert des autres catégories.
A titre de comparaison, la proportion de ceux étant au chômage depuis plus d’un an est de 58.5%. En France, le chiffre publié par le ministère du travail pour le mois de mars 2013 est de 39.9%.
L’accroissement rapide de la durée moyenne du chômage se traduit par un déclassement fort et une perte d’employabilité. Celui dont la durée au chômage augmente perd en compétence tant en absolu que par rapport à ceux arrivant sur le marché du travail. Sa probabilité de retrouver un emploi se réduit alors fortement avec la durée au chômage. Cette population sera au chômage encore bien après le redémarrage de la croissance.
Cela a et aura un coût social fort et durable en Espagne. Soit cette population est prise en charge collectivement dans la durée par un mécanisme de solidarité bien au delà de la période qui verra l’amélioration de la conjoncture et de la croissance. Soit cette population devra trouver les ressources nécessaires pour vivre. L’équilibre du modèle de la société espagnole va forcément changer et une conséquence directe sera la réduction du niveau de santé moyen puisqu’une partie de la population des gens au chômage de longue durée ne sera probablement plus prise en charge.
Au delà de l’effroi d’un taux de chômage voisin de 27% constaté au premier trimestre, il faut appréhender le coût social qui va être fort et durable. Cela mettra les espagnols à contribution nécessitant de définir, de façon probablement très différente de ce qu’il a été, le modèle de la société espagnole.