L’économie mondiale suit une trajectoire de faible croissance. Les attentes sont généralement déçues et les révisions par le FMI des perspectives globales sont récurrentes et donc problématiques.
Cinq graphes peuvent permettre de poser ces caractéristiques particulières.
La trajectoire de l’économie mondiale peut se caractériser par deux éléments: la production et les échanges.
Le graphique ci dessous retrace l’évolution de l’indice de la production industrielle mondiale. L’indice est calculé par l’institut néerlandais CPB à partir des indices nationaux.
Il y a trois différentes périodes. Pour chacune d’entre elle j’ai calculé une tendance exponentielle simple.
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Avant la crise l’indice progresse au rythme annualisé de 4.4%. C’est la tendance en rouge
- La phase de reprise durant laquelle l’indice augmente au rythme annualisé de 8.7%. C’est la tendance en bleu
- La période d’inflexion depuis le début de l’année 2011 avec une progression annualisé de 2.4%. C’est la tendance en jaune.
Cette articulation reflète depuis la rupture de 2008 la phase de reprise consécutive aux politiques de soutien de l’activité très volontaristes tant dans les pays industrialisés que dans les pays émergents. Par la suite la dynamique s’est ralentie en raison de l’épuisement de ces programmes (et les discussions sur leur taille insuffisante surtout aux USA) et de l’incapacité des pays industrialisés à prendre de façon autonome le relais des pays émergents, notamment de l’Asie très active sur la période.
Cela peut s’observer sur le graphique ci dessous.
(Le profil des pays émergents est globalement sur une tendance plus rapide. Cela correspond à une dynamique de rattrapage. Il n’est donc pas surprenant que dans la phase de reprise le rebond y est soit plus vif et plus rapide.)
La reprise est perceptible dans les deux régions présentées. Elle est plus agressive dans les pays émergents. Cependant l’épuisement de la dynamique de relance et l’absence de relais se constatent sur le graphe. Les pays développés sont incapabes de façon endogène de prolonger cette phase de reprise. En conséquence, l’activité s’infléchit et s’observe sur le graphe par une tendance étale depuis 2011. Ces pays qui par le passé étaient les leaders dans les phases de reprises sont désormais incapables de jouer ce rôle. C’est ici une des difficultés de la période. Contrairement aux expériences passées, les pays industrialisés n’ont pas été capables d’orienter dans la durée la dynamique mondiale.
A court terme, on peut mesurer les contributions de chaque région à la croissance annuelle de l’activité globale.
Dans le graphique ci dessous j’ai repris les 4 grandes régions ou pays qui peuvent avoir un impact direct et fort sur l’activité.
On constate qu’au regard de l’historique les contributions récentes ont une ampleur limitée. Aucune de ces régions ne va au delà de la contribution moyenne constatée sur la période d’avant crise (chiffres dans la légende du graphe). On a ici une perception très claire de la dynamique macroéconomique: aucune région ne dispose de la capacité d’aller au delà de sa moyenne historique. Donc aucune de ces régions ne peut avoir le rôle de leader pour placer l’économie sur une trajectoire plus élevée permettant de converger vers le plein emploi. C’est cette problématique qui est posée car généralement dans le passé il y avait toujours une région ou un pays capable d’avoir ce rôle et d’entrainer avec lui l’économie globale. Les Etats-Unis ont souvent tenu ce rôle. Ce n’est plus le cas et l’on observe sur le graphe que l’absence de rupture à la hausse n’est pas un phénomène récent.
Sur le graphe j’ai mis dans la légende la contribution moyenne ainsi que celle du mois de février 2013 qui est la dernière.
Si les Etats-Unis et l’Asie ne provoquent pas de rupture à la hausse, on constate aussi que le Japon et la zone Euro pénalisent la croissance mondiale. Ce graphique permet une illustration de l’impact et de la responsabilité de la crise de la zone Euro sur l’économie globale.
La dynamique du commerce mondial se lit dans le graphe ci-dessous. Celui-ci présente l’évolution sur un an du commerce mondial en volume. A la fin du mois de février 2013 sa progression était de 1.7% soit très en dessous de la croissance moyenne +/- un écart type qui est représentée par la bande bleue. Depuis l’automne 2011 la progression du commerce mondial est réduite, restant en dessous de la bande bleue.
La décomposition par contribution montre que là aussi les rythmes de progression à la fin du mois de février et depuis longtemps sont inférieurs à ceux observés en moyenne avant la crise. Aucune région n’est capable de créer une impulsion sur la dynamique des échanges et entrainer la croissance mondiale vers le haut.
L’Asie hors Japon et les Etats-Unis ont des contributions positives mais celles-ci sont sous leur moyenne historique. Aucun des deux pays/région n’a la capacité de créer une impulsion et d’avoir le rôle de leader, de locomotive pour tirer l’économie mondiale vers le haut.
A nouveau le Japon et la zone Euro freinent la croissance des échanges. La contraction de l’activité en zone Euro freine de façon spectaculaire la croissance des échanges mondiaux.
Conclusion
La dynamique de la production industrielle mondiale et du commerce mondial reflètent bien la situation incertaine dans laquelle l’économie globale se situe. Aucune région n’a la capacité de tirer l’économie mondiale vers le haut. Cela traduit la nécessité de réduire les contraintes internes pour chacune d’elle: endettement privé au Etats-Unis, rééquilibrage de la croissance en Chine, institutions à renforcer et définir un nouveau modèle de croissance en zone Euro. En conséquence aucun pays ou région n’a les capacités de tirer la croissance mondiale vers le haut sur une trajectoire qui convergerait vers le plein emploi. Il faudra attendre que ces contraintes soient résolues pour que la croissance mondiale reparte de l’avant.
On notera aussi l’impact spectaculaire de la situation en zone Euro sur la croissance mondiale. Les discussions actuelles sur la nécessité des politiques d’austérité sont une bonne nouvelles pour l’Europe mais aussi pour l’économie mondiale.
En raison de cette croissance réduite les opportunités d’investissement sont limitées et il n’est pas étonnant dès lors d’avoir des taux d’intérêt très faibles. L’arbitrage entre actifs réels et financiers se caractérisent par un rendement très faible. Les politiques monétaires très accommodantes des banques centrales ne font que valider cette absence d’opportunités.
Imaginer une remontée des taux d’intérêt tant que la croissance globale ne sera pas robuste est alors illusoire. Cela laisse encore du temps.