L’annonce faite par Jean Marc Ayrault dimanche soir dans le journal de 20h est intéressante en mettant l’accent sur la nécessité de renouveler l’investissement en France.
Cette annonce part du constat simple que l’investissement productif en France a depuis très longtemps une allure préoccupante (j’avais souligné ce point ici). Or le profil du cycle économique est à court terme beaucoup plus dépendant de celui de l’investissement que de celui de la consommation. Celle ci a une allure trop lisse et ne crée pas de rupture forte et dans la durée. Seul l’investissement productif peut le faire. C’est donc ici qu’il faut mettre l’accent pour in fine retrouver de la croissance et de l’emploi.
Dès lors si le gouvernement veut infléchir rapidement la conjoncture il doit se focaliser sur l’investissement. La mesure proposée par le premier ministre va dans ce sens. Il suggère de vendre des participations de l’Etat dans certaines entreprises publiques (on ne dispose ni du nom des entreprises ni des montants qui seront en jeu au moment de la rédaction de ce post) et utiliser les fonds ainsi dégagés pour accroitre l’investissement public et uniquement de l’investissement, pas des dépenses courantes.
L’objectif est ainsi de provoquer une impulsion pour l’investissement des entreprises et que l’investissement public soit un catalyseur pour une reprise de l’investissement dans la durée.
L’idée est intéressante parce que l’investissement est trop faible actuellement pour améliorer les perspectives de croissance. Il faut créer une rupture. Cela peut en être une.
Cependant, l’efficacité de la mesure dépendra du type d’investissement public qui sera mis en oeuvre. Jean Marc Ayrault a parlé de mettre en place un réseau internet à très haut débit. C’est un choix qui devrait permettre d’intégrer à la fois de la technologie mais aussi d’impliquer les entreprises localement. Cela peut avoir un effet de diffusion sur l’activité locale positif et provoquer une externalité positive.
L’efficacité dépendra aussi de l’effet d’entrainement que cela aura sur l’ensemble des entreprises et pas simplement celles concernées par le ou les projets qui seront mis en oeuvre. Cela passe par une dynamique de la demande un peu plus robuste (les points que j’évoquais dans le post précédent peuvent être un début d’orientation voir ici) et par des conditions de fonctionnement et de fiscalité des entreprises qui incitent celles-ci à investir davantage en France. Les discussions entre le Président de la République et les chefs d’entreprise il y a quelques jours sont probablement un bon début.
La politique économique en France est peut être en train de franchir un cap important en s’inscrivant dans le concret et en mettant l’accent sur l’investissement. C’est un signal positif. Au gouvernement de s’inscrire dans la durée et d’être maintenant suffisamment convaincant et coopératifs avec les entreprises.