Lors de sa réunion du premier mai, la Federal Reserve américaine a agi pour ne pas se lier les mains. Elle ne veut pas que des décisions prises aujourd’hui puissent la contraindre dans le futur. La banque centrale américaine a ainsi indiqué dans son communiqué de presse qu’en fonction de la conjoncture économique elle pourrait soit réduire soit accroitre le montant des actifs financiers achetés.
(rappelons que la banque centrale américaine dispose de deux instruments pour mettre en oeuvre sa politique monétaire: son taux d’intérêt de référence, le taux des fed funds, qui est compris entre 0 et 0.25% depuis 2009 et des achats d’actifs financiers (ce qui est appelé le Quantitative Easing). Elle achète actuellement 85 Milliards de dollars d’actifs financiers tous les mois: 45 Mds d’obligations du Trésor américain et 40 Mds d’actifs liés au financement immobilier).
Cette nouvelle orientation permettra de relativiser l’accent qui avait été mis par certains membres du comité de politique monétaire quant à l’opportunité de réduire les achats d’actifs voire à les arrêter pour éviter de créer des déséquilibres. Bernanke, le président de la banque centrale, a tranché. Il ne veut pas prendre le risque d’infléchir trop vite sa stratégie parce qu’il ne veut en aucun cas alimenter les spéculations sur une éventuelle remontée des taux d’intérêt.
Cette nouvelle orientation indique aussi que la Fed n’est pas encore totalement convaincue de la reprise forte et puissante de l’économie américaine. Elle craint que celle-ci continue sur un rythme lent comme c’est le cas depuis deux ans.
Pour se convaincre de cette incertitude conjoncturelle il suffit de lire les deux statistiques importantes publiées la semaine dernière.
La première est l’enquête ISM du mois d’avril. Cette enquête à grande échelle menée de longue date sur l’économie américaine suggère que l’économie ne s’accélère pas et qu’elle tarde à passer durablement le seuil des 2% de croissance.
La réponse des chefs d’entreprise ne traduit en aucun cas une situation qui s’améliorerait rapidement. En revenant vers le seuil de 50 l’indice synthétique suggère que l’activité américaine progresse mais à un rythme plus lent qu’en début d’année.
La seconde est celle de l’emploi. Les chiffres sont positifs mais pas très différents de ceux observés l’an dernier ou l’année d’avant. Les craintes d’une chute de l’emploi étaient excessives avant sa publication mais l’enthousiasme engendré doit être relativisé. C’est ce que montre le graphe ci dessous.
La Fed se montre encore une fois prudente car elle ne veut pas alimenter des anticipations excessives sur l’allure de l’économie américaine. Elle a indiqué aussi par cette nouvelle orientation qu’elle disposait de marges de manoeuvre. Le taux d’inflation qu’elle regarde avec attention était à 1% en mars (comme le taux sous-jacent). C’est en dessous de son objectif de 2%. Elle peut donc maintenir une politique accommodante car elle a de la marge avant de converger vers ce niveau de 2%. C’est pour cela aussi que la Fed ne veut pas prendre le risque de laisser entendre qu’elle pourrait durcir sa politique monétaire.