Le graphe ci dessous présente l’indice de la production industrielle en France depuis 1960. On retrouve bien les repères habituels concernant l’économie française. La croissance rapide des années 60 puis l’inflexion après le 1er choc pétrolier; la pente devient moins forte après 1974. La troisième période est celle observée depuis 2008. L’activité est en rupture profonde.
Outre la rupture temporaire de Mai 1968, j’ai entouré en rouge les périodes de récession mesurées ici par une chute significative de la production industrielle. Ce fut le cas en 1975 lors du premier choc pétrolier puis à la fin de l’année 1992 lors de la récession liée à la crise du Système Monétaire Européen. Dans les deux cas le choc subi est temporaire, l’activité revient assez vite au point constaté avant la crise. Ce n’est qu’à ce moment là que les politiques de rééquilibrage des finances publiques sont mises en oeuvre; Raymond Barre après le premier choc pétrolier puis Alain Juppé alors qu’il est premier ministre. Dans les deux cas l’économie française avait réagi rapidement puisque le PIB par tête était revenu très vite à son niveau d’avant crise. (voir le 4ème graphique ici. Il présente l’évolution du PIB par tête en France dans les 3 périodes analysées ici)
Dans le cas présent, la rupture de 2008 est suivie d’un rebond significatif porté par l’ensemble des mesures de relance et de soutien de l’activité mises en oeuvre dans de très nombreux pays. Cependant, en zone Euro la crise de la dette souveraine et les engagements pris par les gouvernements pour rééquilibrer les finances publiques à l’horizon 2016 auront raison de ce rebond. L’incertitude institutionnelle liée à la viabilité de la zone Euro plus les politiques budgétaires restrictives ont été la recette d’un nouveau plongeon de l’activité. Pour la France la politique menée a été restrictive, cela a pesé sur la croissance mais aussi sur celle des partenaires de la France. Ceux ci ont subi le ralentissement marqué de l’économie française (sur leurs exportations) et ont aussi été pénalisés par les mesures restrictives reflétant les engagements de chacun des pays. La dynamique du commerce extérieur français n’a pas été d’un grand secours pour l’activité, contraint par des débouchés réduits en Espagne, en Italie ou encore au Royaume-Uni.
Les politiques restrictives mise en oeuvre en zone Euro l’ont été alors que l’activité était loin d’avoir retrouvée son niveau d’avant crise. On l’observe en France sur ce graphe de la production industrielle mais cela se lit également dans des mesures plus larges comme le PIB. La reprise était a priori plus lente qu’en 1974 et qu’en 1992 (voir les graphes de PIB par tête) mais elle a été en plus contrainte très vite par des politiques pesant sur la demande interne (voir ici)
Cette situation appliquée aussi à l’ensemble de la zone Euro a pénalisé la croissance des échanges internationaux (c’est ce que j’ai présenté ici) et limité le rebond de la croissance dans les autres régions du monde. Dans une économie mondiale qui avait perdu de son dynamisme en raison de l’épuisement des politiques de relance, les mesures prises en zone Euro ont pesé sur l’activité globale. Le profil que l’on constate aujourd’hui en France sur la production industrielle est une conséquence de ces enchaînements qui ne sont pas vertueux.
L’issue passe par un changement dans l’orientation des politiques économiques comme je l’évoque ici. Un changement profond est souhaitable car le profil observé depuis le début de l’année 2011 n’est pas réjouissant et pourrait à terme être porteur d’instabilité sociale. .