Les propos de la Fed peuvent se résumer de la sorte
1 – La Fed perçoit un risque moindre sur l’économie. Cela se traduit par une révision de ses prévisions de croissance à la hausse en 2014. Ainsi lors de la prévision de mars le taux de croissance était il attendu dans une fourchette [2,9 – 3.4] soit un taux central de 3.15%. La prévision de Juin est dans l’intervalle [3 – 3.5] soit un taux central de 3.25%. Pour 2013 le taux central a été révisé légèrement à la baisse à 2.45% comme taux central de milieu de fourchette contre 2.55% en mars.
Le taux de chômage est révisé en repli en 2013 à 7.25% en milieu de fourchette contre 7.4% dans la prévision de mars. Pour 2014 le taux passe de 6.85% en mars à 6.65% en juin.
2 – Les risques sur l’inflation ne sont pas perçus comme majeurs et le repli récent du taux d’inflation est appréhendé comme temporaire avant de converger vers l’objectif de 2%.
3– Dans le communiqué de presse il est clairement indiqué que le taux d’intérêt de référence restera dans la fourchette 0%-0.25% et que le montant des achats d’actifs restera de 85Mds de dollars sans changement de répartition (40 en MBS et 45 en obligations du Trésor)
4– C’est dans son propos préliminaire lors de sa conférence de presse que Bernanke a précisé le tempo de la politique monétaire.
Les achats d’actifs pourraient s’infléchir avant la fin de l’année si l’économie suit le profil des prévisions de la Fed. Les achats s’arrêteraient alors lorsque le taux de chômage atteindrait 7% soit environ le milieu de l’année 2014 en suivant les prévisions de la Fed.
5– Cependant Bernanke a une nouvelle fois été clair sur ce point: l’arrêt des achats d’actifs ne sera pas un déclencheur de remontée des taux fed funds.
6– Le patron de la Fed a ajouté que le mouvement de réduction des achats ne serait pas forcément linéaire et qu’il pourrait être réversible en cas de dégradation de l’économie. L’objectif de 7% en milieu d’année 2014 sera respecté si le scénario de la Fed est respecté.
7– La remontée des taux de la Fed nécessitera un taux de chômage au dessous de 6.5%. Bernanke a bien insisté sur le fait que 6.5% était un seuil à partir duquel les taux d’intérêt pouvaient augmenter, ce n’était pas un facteur de déclenchement d’une hausse. Dans les prévisions publiées, une grande majorité des membres du FOMC considère que les taux d’intérêt de la Fed ne monteront pas avant 2015. Il y a même un membre à penser que le mieux serait 2016.
CONCLUSION
Le profil de la politique monétaire est plus précis en terme de facteur provoquant un changement. On ne dispose pas pour autant d’un calendrier car la Fed ne veut pas se lier les mains par un profil temporelle trop précis. Si le profil de croissance attendu par la Fed est respecté alors la baisse des achats pourrait avoir lieu lors des réunions de septembre (17-18) ou d’octobre (29-30)
Pour Bernanke ces déclarations s’inscrivent dans la politique menée depuis de nombreux mois et les précisions apportent une clarification sur la stratégie effectivement mise en œuvre.
Mon sentiment est que cette annonce devrait maintenir des taux longs plutôt élevés aux Etats-Unis en anticipation d’une remontée des taux courts. Le risque est d’avoir une pente de courbe importante en 2014. Pour Bernanke cette remontée traduirait alors de meilleures perspectives et un plus grand optimisme sur l’économie américaine.
A court terme le point de fragilité se trouvera du côté des émergents pour lesquels le changement de stratégie de la Fed aura une incidence sur la dynamique des flux de capitaux.
Si comme l’a évoqué Bernanke la dynamique de croissance de l’économie américaine est suffisamment forte alors elle provoquera un effet d’entrainement qui profitera à tous. C’est pour cela qu’il n’est pas paru très inquiet lors de cette conférence de presse.
Le risque est que le scénario soit trop optimiste et que l’amélioration linéaire qui est implicite dans le déroulement de la politique monétaire ne le soit pas et engendre des interrogations sur la stratégie menée par la banque centrale américaine. Cela pourrait alors être créateur d’une volatilité supplémentaire sur les marchés financiers.