Les enquêtes auprès du secteur manufacturier pour le mois de Juin suggèrent une dynamique plus contrastée qu’au cours des derniers mois. L’Asie s’effrite alors que la situation en Europe est plus robuste et que les Etats-Unis cherchent leur voie.
Cette hétérogénéité n’est pas une mauvaise nouvelle car elle pourrait engendrer des anticipations distinctes dans différentes régions du monde. Ce serait plutôt favorable inversant la tendance à l’uniformité constatée ces derniers mois.
L’indice mondial est resté stable en juin par rapport à Mai. Il s’est à nouveau inscrit à 50.6. La dynamique des nouvelles commandes s’améliorent mais sont compensées par une dégradation de l’indice de l’emploi. Il n’y a pas de tendance très affirmée.
Le graphique 1 montre que l’ensemble des indices reste proche de 50. Mais on note cependant que les indices japonais et britannique sont nettement mieux orientés. Cela traduit dans le cas de la Grande Bretagne une hausse des nouvelles commandes à l’exportation. Comme l’Espagne ou l’Italie (voir ici) le Royaume Uni bénéficie d’une dynamique des échanges avec l’extérieur qui s’accélère. Dans le cas du Japon l’histoire est intéressante. Ce ne sont plus les nouvelles commandes à l’exportation qui s’améliorent mais l’emploi et les nouvelles commandes. En d’autres termes le marché intérieur apparâit plus solide. Si cela était confirmé ce serait les premiers effets de diffusion sur le marché intérieur de la politique menée par Shinzo Abe.
Si l’on reste en Asie (voir graphe 2) la situation à l’exception du Japon n’est pas très vigoureuse. L’indice chinois de l’enquête PMI/Markit/HSBC a été confirmé en repli à 48.2 (48.3 dans l’estimation avancée) et l’indice officiel reflétant davantage les grandes entreprises publiques est quasiment à l’arrêt à 50.1. La Corée du sud et Taiwan sont directement pénalisés par cette situation chinoise. Ce n’est pas le cas du Japon qui a adopté une stratégie moins orthodoxe et qui commence à porter ses fruits. Cela risque de donner des idées à d’autres pays de la région.
Le repli de l’indice chinois pénalise l’indice BRIC dans le premier graphe. L’Inde et le Brésil sont quasiment inchangés par rapport à mai alors que la Russie voit sa situation s’améliorer. Cependant la pondération de la Chine est telle que l’indice BRIC se détériore. Les pays émergents ne donnent plus d’impulsion à l’économie mondiale. Même si l’on ne regarde pas la Chine les indices indien et brésilien sont trop réduits, même s’ils sont au dessus de 50, pour avoir un effet d’entrainement.
L’indice ISM aux Etats-Unis a rebondi en Juin revenant au dela de 50 à 50.9 contre 49 en mai. L’amélioration est notée sur tous les indicateurs composants l’indice synthétique à l’exception de l’emploi. Néanmoins la situation reste sur un profil modeste. L’amélioration des flux de nouvelles commandes est modeste et le ratio Nouvelles Commandes sur Stocks progresse marginalement.
Concernant l’indice USA calculé par Markit et présenté sur le graphe 1 il est quasi stable à 51.9 contre 52.3 en mai et le ratio des nouvelles commandes sur stocks se dégrade marginalement.
On notera aussi qu’entre les deux enquêtes sur l’économie américaine la perception du rôle joué par les échanges avec l’extérieur est très différent. Rebond haussier pour l’enquête ISM (positif pour les exportations) mais contraction significative pour l’indice PMI/Markit. Ce poste des échanges avec l’exérieur pourrait être important dans les prochains mois pour bien percevoir la sitiation américaine surtout si les émergents continuent de ralentir en phase avec les sorties de capitaux qui les ont affectés.
En d’autres termes la situation américaine reste précaire et ne reflète en aucun une économie qui repartirait rapidement de l’avant. Cela ne nous avance pas davantage sur l’interprétation à faire de l’éventuel changement de la politique monétaire de la Fed annoncé par Ben Bernanke le 19 juin dernier.
Concernant la zone Euro on note une allure plus haussière sur le graphique 3. L’indice pour l’ensemble de la zone est en amélioration à 48.7 contre 47.8 en mai. L’activité telle que mesurée par cette enquête continue de se contracter mais à un rythme plus faible.
A l’exception de la Grèce les pays tels l’Espagne et l’Italie sont en amélioration significative. C’est le cas aussi de la France. En revanche l’Allemagne se replie, cela peut être une incidence de la dégradation constatée en Asie (l’Asie hors Japon joue un grand rôle dans la dynamique des exportations allemandes hors Europe).
D’une manière générale la situation a plutot tendance à s’améliorer dans le Sud plus rapidement que dans le nord. Cela pourrait engendrer une dynamique plus robuste notamment via des échanges plus denses au sein de la zone Euro. Il suffirait alors qu’Angela Merkel mette effectivement en place son plan de soutien à la demande interne allemande pour que l’économie de la zone Euro retrouve une allure plus attirante. Si la configuration actuelle se confirme on ne peut pas exclure une telle situation après les élections allemandes de septembre. Une telle dynamique réduirait l’incertitude en zone Euro. Cela pourrait alors profiter à l’investissement et à l’emploi.
Graphe 1
Graphe 2
Graphe 3