L’ouverture de l’économie française à l’économie mondiale a-t-elle été profondément modifiée pendant la période de croissance lente connue de puis le début de la crise en 2008?
Dans un post publié hier Paul Krugman donnait une mesure de la globalisation de l’économie. Il rapportait les échanges à la production et indiquait que les échanges avait s’étaient accru en tendance par rapport à la production. Ce trend n’avait pas été remis en cause pendant la période de crise. Partant d’une base 1 en 1953 il indique que le rapport a été multiplié par plus de 6 depuis.
On peut dans le cas de la France, par exemple, calculer une mesure de la globalisation et avoir une idée de la dépendance de sa production vis à vis des échanges avec l’extérieur.
La majeure partie des échanges internationaux portent sur les biens et notamment les biens manufacturés. C’est donc sur ce secteur que la mesure sera la plus pertinente. Dans le reste de l’économie il y a beaucoup de services qui ne sont pas généralement des biens échangeables. Prendre l’ensemble de l’économie donnerait une vision peu pertinente de la globalisation.
On peut mesurer le degré d’ouverture en rapportant la demi somme des exportations et des importations à la valeur ajoutée. Chaque indicateur se réfère ici au secteur manufacturier. Le calcul depuis 1950 jusqu’au premier trimestre 2013 est présenté ci dessous
La première réflexion est d’observer que l’internationalisation de la production s’est faite en continu. Le poids des échanges a été multiplié par 10 depuis 1950 et que les échanges avec l’extérieur représentent plus de 2 fois la valeur ajoutée.
Cela traduit l’ouverture des économies bien sûr mais aussi la spécialisation de la production. Celle ci a lieu dans des lieux différents pour optimiser la qualité du produit ou minimiser les coûts. Cela a maintes fois été relevé sur les produits de haute technologie de la communication c’est le cas aussi des avions dont les points de production sont répartis géographiquement dans différents pays (c’est le cas s’Airbus par exemple). Chaque pays fabrique ou assemble des biens permettant ainsi d’optimiser le produit pour le consommateur. Pour un exemple concret voir ici
Deux conclusions importantes:
1 – Imaginer des mesures protectionnistes serait très dommageable pour l’économie puisque la fabrication du produit final a besoin de pièces fabriquées à l’étranger. La spécilaisation de la production fait que des mesures protectionnistes seraient pénalisantes pour tous.
Lorsque les pays fabriquaient des biens similaires ayant en plus des origines locales les mesures protectionnistes pouvaient éventuellement avoir du sens. Cela pénalisait la production étrangère et favorisait la production locale. Aujourd’hui ce n’est plus possible du fait de l’interdépendance des productions que traduit la courbe présentée plus haut. Celle ci fait qu’une mesure protectionniste peut être pénalisante pour la production étrangère mais elle peut l’être aussi pour la production locale.
2 – Comme les français commercent principalement avec les pays européens et notamment les pays de la zone Euro, un éclatement de la zone Euro (ou une sortie de la France de la zone Euro) aurait des conséquences dramatiques. Une telle situation se traduirait par des changements de parités très rapides et des changements de compétitivité très brutaux. Un produit de la zone Euro pourrait devenir très cher si la monnaie française se dévaluait et imposer un changement profond dans le mode de production. Cela modifierait durablement la structure des échanges et aurait un impact très dommageable sur l’activité française: le bien étranger devenu trop cher ne permettrait plus la production locale. Pour ce bien étrager devenu cher il n’y a pas forcément de substitu domestique.
La spécilisation de la production même en zone Euro fait qu’une sortie de la France serait très dommageable pour la production française et donc pour l’emploi.
Une troisième remarque en forme de conclusion: malgré une dynamique des échanges très réduite depuis l’année 2011 l’internationalisation de la production manufacturière française a continué. L’arrêt observé au moment de la récession de 2008/2009 n’aura été que temporaire.
C’est un signal de la capacité d’adaptation du système productif français et probablement à rebondir dès que les conditions plus globales s’y prêteront.