L’économie de la zone Euro se stabilise.
La période de 6 trimestres consécutifs de repli du PIB s’achève. Le chiffre du 2ème trimestre ne sera connu que le 14 août prochain mais au regard du premier graphe on peut avoir le sentiment que cette longue période de récession prend fin. Après toute une série d’inquiétudes, d’incertitudes et de chocs négatifs, l’environnement de la zone Euro apparait plus stable.
Les interrogations sur la Grèce, Chypre ou même encore l’Espagne sont toujours importantes mais le sentiment est que les instruments mis en place permettront d’y faire face. En d’autres termes, la zone Euro ne disposait pas des instruments institutionnels capables de la gérer. Depuis un an, ceux-ci sont mis en place progressivement réduisant les inquiétudes de l’ensemble des acteurs. Cela prend du temps et il ne faudrait pas que de nouveaux changements ou des chocs négatifs viennent affecter à nouveau le profil de l’activité de la zone Euro. La BCE en changeant de politique de communication et en allongeant les perspectives en matière d’évolution des taux d’intérêt a certainement eu un rôle majeur. Cela a permis d’allonger l’horizon des chefs d’entreprise. C’est un élément majeur.
C’est cela qu’il faut retenir maintenant avant d’imaginer une reprise forte et durable de l’activité. L’inversion de la phase de contraction est déjà une situation positive et importante. Le retour d’une croissance robuste et durable est une autre problématique.
Il y a deux préalables à cela:
Le premier est de convaincre les chefs d’entreprise que le cadre est plus stable et que la volatilité de l’activité de ces dernières années est du passé. Cela prendra du temps. Ils disposent de moyens limités et ne veulent pas prendre le risque d’investir et/ou de créer de l’emploi s’ils n’anticipent pas une amélioration de leur environnement dans la durée. Les convaincre prendra du temps et c’est pour cela qu’il ne faut pas s’attendre à une reprise immédiate et très rapide. En outre il ne faudrait pas profiter de cette stabilisation de l’activité pour changer à nouveau les règles de fonctionnemment au sein de la zone Euro ou dans chacun des pays. En d’autres termes, la demande ne doit pas être affectée par des politiques budgétaires trop restrictives. Les ajustements sont déjà en cours, n’en ajoutons pas d’autres.
L’autre aspect est la fragilité toujours observée du secteur bancaire des pays du sud. Il est probable que tant qu’une recapitalisation ne sera pas achevée, afin que les banques puissent être réellement la courroie de transmission de la politique monétaire, il ne pourra y avoir de reprise dans la durée pour cette partie de la zone Euro. Cela prendra du temps.
En d’autres termes, les signaux observés dans les graphique ci-dessous suggèrent que la situation se stabilise au sein de la zone Euro et que les risques de retour en arrière se font plus réduits. Mais cela n’est cependant pas encore suffisant pour qu’une reprise forte et durable se dessine. Il faudra attendre le courant du premier semestre 2014 pour cela.
Graphe 1: L’indice synthétique prenant en compte le secteur manufacturier et celui des services s’améliore rapidement. Il s’est inscrit à 59.3 en juillet contre une moyenne de 47.1 pour l’ensemble du deuxième trimestre (le point bas récent est de mars). La cohérence avec l’évolution trimestrielle du PIB suggère effectivement une évolution étale de celui-ci. Ce sera peut être le cas dès le 2ème trimestre mais surement au 3ème.
Graphe 2 – C’est la dynamique du secteur manufacturier qui est au coeur de l’amélioration des perspectives. L’ajustement des stocks et un horizon un peu plus profond ont permis aux entreprises de retrouver un peu plus d’allant et d’améliorer les perspectives d’échange comme je le signalais ce matin (voir ici)
Graphe 3 – L’amélioration se constate dans tous les pays à l’exception de l’Italie, un peu en retard notamment dans les services. C’est un pays où il faudra être aussi attentif à la stabilité politique après la condamnation de Berlusconi. Le gouvernement de coalition pourrait perdre en stabilité ce qui replongerait l’Italie dans une péiode instable.
Les autres pays ont un indicateur qui tend vers 50 voire un peu au-dessus comme en Allemagne. Comme dans les indicateurs du secteur manufacturier, les signaux relatifs à l’ensemble de l’économie (manufacturier et services) montrent une cohérence et une homogénéité forte au sein de la zone Euro.
Graphe 4 – L’ajustement des stocks et la stabilisation des nouvelles commandes dans le secteur manufacturier permettent d’imaginer une reprise de la production industrielle. C’est le point positif majeur de ces trois derniers mois. La hausse du ratio Nouvelles Commandes sur Stocks est un élément fort qui traduit la capacité d’ajustement des entreprises face à un environnement adverse.
Comme généralement dans les phases de reprise la situation se renforce d’abord dans le secteur manufacturier avec une accélération des échanges. Ce ne sera que dans un deuxième temps que la transmission se fera au reste de l’économie. Ceci est finalement assez classique.
Graphe 5 – Néanmoins la demande des consommateurs reste modérée. Les ventes de détail pour juin ont reculé de -0.5% par rapport à mai. Sur le 2ème trimestre les dépenses ont augmenté de 1.7% en taux annualisé en raison d’une progression très vive en mai. C’est un chiffre marginalement supérieur à celui des trois premiers mois de l’année (1.55%). Cela devrait se traduire par une hausse modérée de la contribution de la consommation dans la croissance du PIB au T2. C’est une des indications qui suggère que la croissance du PIB pourrait être positive en T2.