Après la Federal Reserve la Banque d’Angleterre a modifié sa communication sur sa politique monétaire.
Tant que l’économie était en phase de stagnation ou de croissance médiocre le banquier central n’avait pas de mal à convaincre les investisseurs qu’il maintiendrait sa politique monétaire très accommodante pendant très longtemps. Cela paraissait logique et c’était aussi une réduction d’incertitude alors que l’environnement économique et financier était très volatil. En outre cela rassurait l’ensemble des intervenants puisqu’ainsi la banque centrale ne relèverait pas ses taux d’intérêt trop vite en cas d’amélioration de l’activité.
C’est sur ce dernier point que la situation a changé. Les risques de rupture de l’activité qui étaient encore très présents il y a quelques mois se sont estompés. L’activité donne désormais des signaux plus fermes d’amélioration. C’était le propos de Ben Bernanke lors de sa conférence de presse du 19 juin. C’est aussi le propos de Mark Carney le nouveau gouverneur de la Banque d’Angleterre ce matin.
Il faut dès lors adapter la communication de la banque centrale car simplement signaler que les taux d’intérêt resteront bas n’est plus suffisant si l’activité redémarre.
Les banquiers centraux ne veulent pas prendre le risque de voir les taux d’intérêt de marché partir à la hausse au risque de casser l’embellie qui se dessine.
C’est pour cela que la Fed et maintenant la BoE indiquent la façon dont ils pourront intervenir dans l’économie. La Fed et la BoE ont défini des seuils à partir desquels ils pourraient modifier leur taux d’intérêt. Ce seuil est un niveau spécifique du taux de chômage. La Fed a fixé ce seuil à 6.5%, la Banque d’Angleterre à 7%. Ce schéma bien sûr suppose que les anticipations d’inflation sont stables et que dans le cas de la Banque d’Angleterre les risques sur la stabilité financière soient limités.(Si ces conditions relatives aux anticipations d’inflation et/ou de stabilité financière n’étaient pas respectées, les engagements de la BoE conditionnés par ce niveau du taux de chômage seraient suspendus)
L’objectif des banquiers centraux est de maintenir le cap de taux d’intérêt très bas tant que la croissance n’est pas suffisamment robuste et autonome. Ils ne veulent pas que les anticipations des investisseurs s’emballent trop rapidement et perturbent le processus de reprise.
Un cap a été passé et les banquiers centraux veulent pouvoir sortir progressivement de cette longue période de taux d’intérêt très bas sans créer de choc négatif sur l’économie. La philosophie de la BoE est assez proche de celle de la Fed en soulignant que la réduction des risques à la baisse de l’activité permettait d’imaginer une sortie de la politique monétaire accommodante dans les 2 à 3 années à venir.(la BoE aparlé de 2016)
Au regard de la stratégie mise en place par la Banque d’Angleterre, la question qui va se poser portera sur l’attitude de la BCE. Lors de la dernière conférence de presse Mario Draghi n’a pas voulu rentrer dans logique de fixer des seuils pour mieux cadrer l’évolution future de la politique monétaire. Après le changement fort de la vieille dame de Threadneedle Street la conférence de presse de la BCE en septembre sera encore plus passionnante.
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