L’indice conjoncturel de l’INSEE sur le climat des affaires continue de se redresser. Certes il est encore 10 points au dessous de sa moyenne de long terme (fixée à 100 sur le premier graphe) mais il progresse rapidement et suggère un changement de tendance de l’activité économique française. Pour fixer les idées j’ai positionné aussi sur ce premier graphe le profil du changement annuel du PIB. La cohérence des deux séries indique d’être attentif aux évolutions prochaines de l’enquête.
Mon sentiment est que l’amélioration observée depuis la fin du printemps a une origine principalement européenne. J’avais déjà évoqué cette question ici
Sur le deuxième graphe observons que le retournement est homogène. L’ensemble des secteurs pris en compte dans le caclul de l’indice de climat des affaires a changé d’orientation à l’exception de celui du batiment.
L’accélération s’est faite principalement dans le secteur de l’industrie manufacturière, un peu comme dans tous les pays européens. Cela traduit une amélioration des échanges et un indicateur souvent pertinent de retournement plus durable du cycle de l’activité.
On notera cependant que le signal dans l’enquête PMI/Markit n’était pas aussi marqué en août. (voir ici) mais remarquons que la comparaison des deux indicateurs dans le graphe 3 ci dessous donne un signal cohérent sur l’amélioration de la conjoncture française.
Le dernier graphe pose la question de l’investissement. Dans l’enquête de juillet menée par l’INSEE auprès des industriels les anticipations sur l’investissement sont en repli sur 2013 par rapport à celle menée en avril. A l’époque les industriels attendait un repli de -4%, ils sont en juillet à -6%.
Cependant et c’est ce que montre le 4ème graphe, le repli est concentré sur le premier semestre. Au cours de la seconde partie de l’année les attentes sont quasiment stables. Il n’y a pas de prolongement de la dégradation constatée au premier semestre. Il n’y a pas non plus de rupture à la hausse.
Les interrogations sont importantes sur l’investissement car c’est sur ce facteur que repose l’inflexion du cycle économique dans la durée.
Il faut qu’il progresse fortement et longtemps pour permettre à l’économie française de disposer d’une croissance forte qui permettra de réduire les tensions observées notamment sur la création d’emplois, la distribution des revenus et l’équilibre des finances publiques.
L’allure des enquêtes présentées plus haut pourrait laisser imaginer une reprise rapide des dépenses en bien d’équipement. Trois raisons incitent à être patient
1 – Depuis 2011 l’activité est faible en France. La progression du PIB entre le 1er trimestre 2011 et le 2ème trimestre 2013 est de 0.16% en taux annualisé. Même une accélération sur un ou deux trimestres ne peut convaincre les chefs d’entreprise que tout a changé radicalement.
2 – Quand bien même ils seraient convaincus de cette amélioration, ils ont des capacités de production non utilisées. Il y a des machines qui ne tournent pas et des salariés qui sont en temps complet. Dans un premier temps ils utiliseront les capacités disponibles et reviendront à un temps complet pour les salariés.
Si effectivement la reprise se prolonge alors il sera toujours temps d’investir et d’embaucher.
3 – Le cadre institutionnel peut apparaitre encore un peu volatil. Les questions sur les charges (par exemple la baisse des charges attendue pour compenser la hausse inscrite dans la réforme des retraites et que le gouvernement a promis pour 2014 mais aussi le financement du volet lié à la pénibilité), sur la fiscalité, sur le cadre social, tous ces éléments peuvent apparaître comme ayant besoin d’être stabilisé. Cela peut être une source d’attentisme et de report dans le temps de l’investissement.
En d’autres termes, l’allure de la conjoncture française est celle d’une réduction des risques de rechute de l’activité mais pas encore celle de la prise de risque. Soyons patient mais plutot sur 2014
Graphe 1 – Indice du Cycle des Affaires et Croissance Annuelle du PIB
Graphe 2 – Les Composantes de l’Indice du Cyle des Affaires
Graphe 3 – Indice du Cycle des Affairesde l’INSEE et Indice de l’Enquête PMI/Markit
Graphe 4 – Evolution Attendue de l’Investissement dans l’Enquête de Juillet