Ce post en version pdf est ici : Pôle-Emploi-Août-2013
Le chiffre des inscrits à Pôle Emploi a baissé de 50 000 au mois d’août. Est-ce un renversement de tendance parce que la croissance est de retour ou est-ce un peu plus complexe parce que reflétant des évolutions diverses.
1 – Un tel repli (-50 000) des inscrits de catégorie A à Pole Emploi n’avait pas été observé depuis novembre 2000 (-53 700). A l’époque la croissance était forte (3% sur l’année 2000 et 3.6% en taux annualisé au dernier trimestre 2000). L’explication par la croissance générant une dynamique positive sur le marché du travail était alors satisfaisante. Ce ne peut être l’explication aujourd’hui. Dans son projet de loi de finance pour 2014 présenté aujourd’hui le gouvernement attend une croissance de 0.1% pour 2013 soit l’acquis calculé à la fin du premier semestre. Il n’y a donc pas de croissance supplémentaire attendue aux troisième et quatrième trimestres par le gouvernement. Il est donc un peu tôt pour se réjouir du chiffre de –50 000. (L’acquis est le chiffre de croissance moyenne pour 2013 si le niveau de l’activité aux troisième et quatrième trimestres restait au même niveau qu’au deuxième trimestre)
Le graphe ci-dessous montre l’évolution mois après mois des inscrits à Pôle Emploi. Depuis le début de l’année 2008 la hausse a été quasiment continue jusqu’au changement de régime du mois d’août.
2 – Le nombre d’inscrits à Pôle Emploi en raison d’une fin de CDD, d’une fin de mission d’intérim et par licenciements économiques diminue de façon significative mais surprenante. A 153 000 constaté en août le chiffre n’a jamais été aussi réduit depuis février 1997 (début des statistiques). Ce constat laisse perplexe.
La reprise est-elle très brutale ou est-ce que les sorties passées ont été telles que l’anticipation d’une reprise de l’activité incite les chefs d’entreprise à conserver les emplois qu’ils ont. C’est sur ce point que la statistique publiée par la Dares laisse perplexe. D’un seul coup le taux de séparation s’effondre, la conjoncture n’est pas exceptionnelle mais personne ne souhaite réduire l’emploi.
Le deuxième graphe ci-dessous montre que le mouvement récent est rapide et profond.
Cependant, quand on regarde l’ensemble des entrées sur une moyenne de 3 mois, on reste sur une tendance horizontale. Le chiffre mensuel baisse fortement mais la moyenne sur 3 mois est stable (voir graphe plus bas)
3 – En tout cas du coté des entreprises il n’y a pas de velléités d’embauche. Les reprises d’emploi et les entrées en stage sont stables en tendance (3ème graphe ci-dessous). Les entreprises auraient tendance à conserver l’emploi dont elles disposent mais sans souhaiter augmenter leur nombre. Ce raisonnement est probablement celui qui est le bon au regard des enquêtes mais c’est l’ampleur des chiffres qui est étonnant..
En revanche, l’ensemble des sorties explose. Le chiffre du mois est orienté très fortement à la hausse mais aussi la moyenne sur 3 mois. Cette hausse des sorties est le fruit d’une hausse significative des radiations par défaut d’actualisation et des radiations administratives. Le cumul des deux oscillait entre 230 et 250 000 par mois de janvier 2011 à mai 2013. Il est de 318 000 en aout. Le quatrième graphe ci-dessous sur longue période montre qu’il y a un changement de régime.
4 – Le graphique ci-dessous montre les entrées et sorties de Pôle Emploi. Les entrées en tendance sont stables même si le chiffre du mois d’août est particulièrement faible. En revanche les sorties suivent une hausse soutenue depuis le printemps. De la sorte la moyenne sur 3 mois qui était bien inférieure à celle des entrées est désormais au même niveau que celle-ci. L’amélioration ne vient que des sorties administratives mais pas des reprises d’emplois. Le changement de régime de la ligne noire du bas est suffisamment marqué pour être souligné et remarqué..
A ce rythme d’accélération des sorties le pari d’amélioration du marché du travail sera gagné à la fin de l’année.
On sait que cette statistique des inscrits à Pôle Emploi est complexe à interpréter. Il y a une partie liée à l’activité économique et sur cet aspect la logique est très claire même si les chiffres paraissent excessifs. Les chefs d’entreprise percevant une amélioration de la conjoncture (voir les différentes enquêtes disponibles) limitent les réductions d’emploi mais n’embauchent pas encore. Cette logique devrait perdurer car une dynamique positive de l’activité économique résultant de la reprise européenne est perceptible.
Il y a une deuxième partie des statistiques qui est liée à la gestion des personnes qui sont inscrits à Pôle Emploi. La dynamique n’a pas forcément de lien avec la première. C’est pour cela que cette statistique est très particulière additionnant des chiffres hétérogènes. C’est cette partie qui a changé de régime avec une accélération brutale des sorties administratives. Ce régime qui n’est pas contesté pourrait se poursuivre.
Les chiffres de Pôle Emploi peuvent encore s’améliorer mais pour les créations d’emplois et un marché du travail plus sain il faudra encore attendre.