La note de la France a été dégradée par Standard and Poor’s. Elle s’inscrit désormais à AA contre AA+ précédemment. Les perspectives sont stables ce qui signifie que la probabilité de réduire ou d’augmenter la note au cours des deux prochaines années est inférieure à 1/3.
Quelle est la logique avancée par l’agence pour ajuster sa position vis-à-vis de la France?
Il y a plusieurs points à souligner dans le document de Standard and Poor’s
1 – L’économie française est robuste et bien diversifiée mais elle n’a plus la même capacité à retrouver un rythme de croissance élevé dans la durée. Avant la crise, l’économie française avait une croissance moyenne voisine de 2%. Le fonctionnement de l’économie française était tel que le taux de croissance convergeait vers ce chiffre de manière endogène.
Ce n’est plus le cas. Les conditions de l’activité ont changé avec la crise qui sévit depuis 2007/2008 et l’économie française n’a plus la même capacité à converger vers les 2%. Sa tendance est durablement plus réduite, ce qui est pénalisant en termes d’emplois.
2 – Dans ce cadre l’agence indique que la politique économique française a eu tendance à privilégier les ajustements conjoncturels plutôt que structurels. En d’autres termes, les mesures prises, notamment sur la fiscalité, ont reflété, en arrière-plan, l’idée que l’économie française allait retourner à sa trajectoire de croissance de long terme automatiquement. Standard and Poor’s considère que ces mesures ont atteint leurs limites avec un rendement désormais limité. Il faut passer à des mesures plus structurelles afin d’infléchir la façon dont l’économie française fonctionne.
L’agence note que le CICE et la réforme du marché du travail vont dans le sens souhaité mais qu’il faut aller plus loin afin de caler l’économie française sur le cadre de l’économie globale.
3 – Ce qu’indique également l’agence est qu’il y a une réticence à la réforme structurelle parce que le taux de chômage est déjà élevé. Chacun cherche à conserver sa situation qui pourrait être bousculée par des réformes et des changements de grande ampleur.
Pour pallier à cette situation il faut définir une trajectoire souhaitée plus lisible. Une orientation de ce type a été commencée par le séminaire gouvernemental sur la France en 2025 et par les travaux du Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospective (CGSP) sur la France dans 10 ans. Mais ces éléments sont encore confidentiels et ne permettent pas de définir clairement une orientation.
Pour l’instant l’absence d’objectif claire incite chacun à être plutôt attentiste. De ce fait les données immédiates ont tendance à être paralysantes.
4 – En d’autres termes, le propos de Standard and Poor’s est d’observer que l’économie française tarde à retrouver une croissance suffisante dans la durée et susceptible de permettre une amélioration durable du marché du travail. L’interrogation que l’on doit avoir ainsi est celle de l’adaptation de l’économie française et de son modèle social dans l’économie global. Standard and Poor’s dit simplement que jusqu’à présent les changements opérés, les ruptures ne sont pas suffisantes alors que l’économie française a la capacité de faire face à ces challenges; à elle de franchir le Rubicon.
5 – Quel impact cette dégradation aura-t-elle?
La note de Standard and Poor’s ressemble davantage à un ajustement qu’à une rupture dans la perception de l’économie française. L’impact sera réduit mais c’est une alerte à laquelle chacun doit être attentif car, sur la dynamique constatée de la croissance française, les propos tenus n’ont pas franchement surpris