La dégradation de la note de la France a été annoncée le vendredi 8 novembre. J’ai traité cette question ici mais au regard des réactions à cette dégradation il m’a semblé nécessaire de compléter le schéma.
Pour cela on peut visualiser de façon simple la problématique à laquelle l’économie française a à faire face. J’ai pris le profil du PIB par tête à la sortie de 3 récessions: celle liée au premier choc pétrolier, celle résultant de la crise du Système Monétaire Européen et celle que l’on connait actuellement.
Le PIB par tête est mesurée à 100 au pic du cycle.
La comparaison des 3 périodes suggère que la situation française actuelle connait un écart considérable avec les deux épisodes passés.Après le premier choc pétrolier et après la crise du SME la croissance française était rapidement repartie à la hausse. Ce n’est clairement pas le cas aujourd’hui. Le PIB par tête n’a pas retrouvé son niveau d’avant crise (le PIB l’a retrouvé mais pas le PIB par tête) et si l’on prend les projections de S&P à l’horizon 2015 ce ne sera toujours pas le cas. (Les prévisions de S&P ne sont pas plus pessimistes que la moyenne des prévisions faites par les économistes sur le PIB par tête donc ce n’est pas cet élément qui est dirimant)
C’est cet écart qui doit être à l’origine de nos interrogations sur la période actuelle.
Comment faire pour retrouver une allure plus satisfaisante et qui permette à terme d’infléchir durablement le profil du taux de chômage.
Standard and Poor’s considère que les politiques conjoncturelles via la hausse de la fiscalité ne permettra pas spontanément de retrouver une allure robuste et qu’il faudrait mettre en œuvre des réformes structurelles pour améliorer le fonctionnement de l’économie. L’environnement économique a changé, le choc subi par l’économie française a de la persistance et peut nécessiter des ajustements profonds pour retrouver une allure haussière.
Paul Krugman, ce week-end, indique que la France s’en est plutôt bien sortie et qu’elle a raison de gérer la sortie de crise par une hausse des prélèvements plutôt que de démanteler le modèle social (voir ici, ici et ici). Krugman ne considère pas que tout va bien en France mais que la situation ne justifiait pas une dégradation. Pour l’économiste américain, elle traduisait le désaccord entre l’orientation prise par le gouvernement français et les souhaits de Standard and Poor’s sur le modèle social trop coûteux.
Au regard du graphique la question posée est la suivante: Est ce que l’économie française peut retrouver une croissance régulière et durable de façon spontanée ?
Si la réponse est affirmative alors la gestion de l’économie française via les politiques économiques conjoncturelles est suffisante. Si la politique budgétaire devient moins restrictive alors la croissance repartira spontanément.
Si la réponse est négative, alors il faut adapter l’économie française a des conditions nouvelles de concurrence et de fonctionnement. Dès lors des ajustements structurels sont nécessaires pour recalibrer l’économie française dans un environnement changeant. On ne peut pas simplement attendre que la croissance de nos partenaires aille mieux pour aller mieux.
Même si je suis persuadé des méfaits de la politique budgétaire restrictive menée depuis 2011 sur la croissance et l’emploi en France et en zone Euro, il me semble que l’Europe et la France doivent s’adapter à un monde changeant pour être plus réactif et davantage leader que suiveur.