La situation se fragilise pour l’ensemble de la zone Euro. Les indices synthétiques des enquêtes PMI/Markit pour le mois de novembre apparaissent moins robustes. L’indicateur de production continue de croitre mais à un rythme plus réduit, les flux de nouvelles commandes continuent de progresser mais au même rythme modeste qu’en octobre. L’emploi quant à lui se dégrade encore après avoir flirté avec la stabilité dans l’enquête de septembre. En d’autres termes, l’économie de la zone Euro qui s’était stabilisée donne des signaux plus hésitants quant à la poursuite de mouvement de hausse de l’activité. Cela peut, à côté de l’inflation, justifier le caractère encore plus accommodant de la politique monétaire décidée en début de mois par la BCE.
Le détail par type d’activité montre une situation robuste dans le secteur manufacturier avec un indicateur qui continue de progresser alors que celui des services est un peu moins dynamique qu’en octobre.
Le détail géographique est limité dans cette estimation avancée de l’enquête PMI (le chiffre définitif sera publié le 3 décembre). On ne dispose que des chiffres allemands et français. Pour les premiers la situation continue de s’améliorer comme l’indiquait d’ailleurs en début de semaine l’indice ZEW. La dynamique apparait robuste car observable tant dans les services que dans le secteur manufacturier. Les commandes sont élevées tant domestiques qu’à l’exportation.
S’il y a inflexion de l’indice de la zone Euro et hausse de l’indicateur allemand cela signifie que les autres pays de la zone n’ont pas été très performants. C’est notamment le cas de la France. Les indices français décrochent nettement en novembre tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services. Les indices dans les deux secteurs montrent une contraction rapide de l’activité économique.
Significatif de cette rupture, le changement très net d’orientation de l’indicateur d’emploi. En octobre il indiquait une probable stabilisation de l’emploi marchand au voisinage de la fin de l’année. Ce n’est plus le cas dans l’enquête de Novembre. L’indice s’écroule traduisant une nouvelle et profonde dégradation du marché du travail.
On observe aussi cette rupture dans l’activité à venir du secteur manufacturier. Le ratio des nouvelles commandes sur stocks, qui s’était nettement amélioré ces derniers mois, laissait suggérer une hausse modeste mais une hausse de la production manufacturière. Le ratio publié pour Novembre montre un très fort décrochage, reflet d’une baisse rapide des commandes et d’une hausse significative des stocks. L’orientation prise indique désormais une forte probabilité de repli de la production manufacturière au cours des prochains mois. Le point préoccupant est le repli des commandes à l’exportation alors qu’en Allemagne ces commandes continuent de progresser rapidement. Cela peut traduire une spécialisation allemande plus favorable mais c’est plus surement le fait d’une dynamique globale un peu moins favorable.
L’économie mondiale qui allait un peu mieux est peut être à nouveau en train de s’infléchir. C’est le message que l’on peut avoir du ralentissement de l’indice chinois publié ce matin également. Un tel ralentissement ne permettrait pas à l’Allemagne de continuer de caracoler.
Les indicateurs d’enquête pour la France étaient un peu à la traine des indicateurs européens, loin derrière l’Allemagne et en retard sur l’Espagne et l’Italie. Le chiffre de novembre, qui est encore provisoire, reflète un véritable décrochage et engendre une inquiétude sur la dynamique de l’économie française. Attention néanmoins, ce n’est qu’une enquête. Celle de la Banque de France publiée plus tôt dans le mois donnait un signal suggérant à la BdF une hausse de 0.4% du PIB au dernier trimestre de cette année. Attendons le chiffre définitif de cette enquête, attendons celui de l’enquête de l’INSEE, sur le cycle des affaires (le 25 novembre), pour voir plus clair sur la situation conjoncturelle de l’économie française. Au regard de l’enquête publiée ce jour se dessine une inquiétude sur la façon dont l’économie française pourra retrouver de l’allant dans la durée. La politique économique doit avoir un rôle mais c’est aussi la nécessité pour chacun de réagir dans cet environnement adverse.
Une version sans graphiques est parue ce matin sur Atlantico.fr à l’adresse suivante
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