Situation intéressante et amusante concernant la politique monétaire américaine.J’aime bien suivre l’évolution du taux d’intérêt de la Fed à partir de la fonction de réaction qui avait été présenté par Greg Mankiw dans un article de 2001 sur la politique monétaire. (voir ici page 44).
La dynamique du taux des fed funds est dépendante de l’écart entre taux d’inflation sous-jacent et taux de chômage. L’équation est sommaire mais elle capte bien les changements de tendance.
J’avais fait une estimation sur la période Janvier 1990 – Décembre 2007 puis utilisé les paramètres estimés pour simuler l’évolution du taux des fed funds en fonction du taux d’inflation sous-jacent et du taux de chômage effectivement observés. C’est sur le graphe à partir de la ligne verticale rouge (janvier 2008)
Le graphe ci dessous présente la période d’estimation et celle de simulation jusqu’en novembre 2013.
On observe qu’à partir d’avril 2009 le taux des fed funds aurait dû devenir négatif en raison de la dégradation des données macroéconomiques. Cela n’a pas été le cas en raison de la contrainte de non-négativité des taux d’intérêt. Mais puisque le taux aurait dû être négatif, on comprend l’utilisation d’apport de liquidité pour compenser et avoir effectivement une politique monétaire encore plus accommodante.
Depuis avril 2009 le taux était resté négatif justifiant les mesures d’apport de liquidités.
En novembre 2013 avec un taux de chômage de 7% et un taux d’inflation sous-jacent de 1.7%, le taux simulé redevient positif pour la première fois même si c’est faiblement à 0.1%.
En d’autres termes, la justification d’une politique d’apport de liquidités ne se justifie plus si l’on considère que la dynamique de l’économie est plus robuste. La question dès lors est de savoir comment convaincre les investisseurs que les taux d’intérêt resteront bas dans la durée. L’exercice de communication de la Fed est là parce que la situation macroéconomique a changé et que le taux d’intérêt de référence pour la banque centrale redevient positif. Comment convaincre qu’ils n’iront pas plus haut? C’est la réponse que l’on attend demain soir lors de la conférence de presse de Ben Bernanke. La réduction des achats est alors un peu anecdotique.