Aujourd’hui premier avril, le taux de TVA va augmenter de 3 points au Japon passant de 5 à 8%. On peut redouter son impact via un fort ralentissement de l’activité au cours du 2ème trimestre. Celui-ci traduirait simplement la diminution des dépenses des ménages. Elles n’ont pas été très dynamiques en février baissant de 1.5% mais devraient être plus robustes en mars en anticipation de la hausse des prix du mois d’avril.
Pour comprendre le profil d’activité du le deuxième trimestre, il faut d’abord prendre en compte trois éléments
Le premier est qu’effectivement le taux d’inflation a augmenté. C’est le premier succès de la politique de Shinzo Abe que de sortir de la déflation. En février le taux d’inflation était de 1.5% et le taux d’inflation sous-jacent de 0.7%.
Cependant, cette hausse de l’inflation ne s’est pas traduite par une progression suffisante du salaire nominal pour compenser l’accélération de l’inflation. Le graphe ci dessous traduit bien la différence récente entre l’évolution du salaire nominal et celle du salaire réel (pouvoir d’achat). L’absence d’indexation pénalise le consommateur.
L’appel à la hausse des salaires émanant d’économistes où du gouvernement japonais pour soutenir la demande de consommation trouve son fondement ici. Avec l’accélération supplémentaire de la hausse des prix lors de la mise en œuvre de la hausse de la TVA, le profil du salaire réel va baisser encore n’incitant pas les ménages à dépenser davantage.
La consommation va très probablement reculer au deuxième trimestre.
La baisse de la fiscalité sur les entreprises ne sera pas suffisante pour compenser l’effet négatif de cette hausse de TVA.
D’ailleurs les ménages ont du mal à croire dans la politique menée par le premier ministre. L’enthousiasme des premières semaines a été balayé par la hausse de l’inflation non compensée par une hausse de salaire. Le graphe ci dessous reflète ce changement d’humeur. L’indice de confiance est plus faible qu’avant l’élection d’Abe.
Ce changement de tendance de l’activité est d’ailleurs anticipé par les entreprises. L’enquête Tankan publiée par la Banque du Japon ce matin suggère que les entreprises prennent en compte ce repli de l’activité au deuxième trimestre. Les prévisions pour juin sont nettement en dessous de conditions observées depuis l’automne 2012.
L’enjeu pour Abe sera de mettre en place la troisième flèche de sa politique économique, celle des réformes structurelles pour que cette inflexion de l’activité du deuxième trimestre ne soit que temporaire.