Le solde du commerce extérieur chinois était de 35.9 Mds de dollars en mai. Le rebond des exportations (+7%) a rassuré sur la dynamique du commerce mondial. Pourtant le point d’interrogation majeur sur la conjoncture n’est pas forcément là.
La contraction continue des importations me parait plus préoccupante. Elle traduit une faible dynamique de la demande interne et implique une réduction rapide et continue de l’impulsion qu’engendrait la Chine sur la dynamique mondiale, notamment vis-à-vis des émergents et des producteurs de matières premières.
Pour visualiser ce point j’ai comparé l’évolution sur 3 mois des exportations et des importations de 2004 jusqu’en 2014.
Le premier graphe reprend l’évolution des exportations chinoises, en variation sur 3 mois en taux annualisé.
Les profils, année après année, sont réguliers. Les exceptions sont 2008 et 2009 puisqu’à l’époque le commerce mondial s’était brutalement replié (voir ici http://bit.ly/Collapse-of-Global-Trade). L’année 2014 est dans la partie basse des profils mais avec une allure similaire à celle des autres années. La dynamique des exportations n’est pas forte mais comparable au profil moyen.
Le deuxième graphe présente le profil des importations, année après année. Les profils sont cohérents. On note à nouveau la particularité des années 2008 et 2009.
Cependant, l’année 2014 décroche. La courbe relative à cette année a une allure nettement moins rapide et le rebond habituellement constaté au printemps n’est pas franchement marqué. Cette inflexion des importations est cohérent avec une demande interne moins vive. On le note par exemple à travers l’investissement nettement mois vigoureux ou la production industrielle dont la progression est plus limitée.
Cela traduit-il l’effet de transition du modèle chinois vers une croissance plus autocentrée, la fragilité de la demande interne reflétant une réallocation de ressources, dans ce cas ce n’est pas forcément problématique, ou est ce une demande interne plus faible parce qu’une contrainte financière plus forte est à l’œuvre du fait de l’accumulation de l’endettement? Dans ce cas cela serait beaucoup plus préoccupant car cela se traduirait par une fragilité conjoncturelle à venir. (sur le point de la dette, le FMI n’est pas alarmiste voir ici http://bit.ly/Dette-Chine)
Le ralentissement des importations chinoises est de toute les façons un frein à la dynamique du commerce mondial et une limite à la reprise de la croissance globale, notamment du côté des émergents.