La question de la faiblesse des dépenses des ménages américains, évoquée à plusieurs reprises ces derniers jours (ici, ici et là), doit être mieux comprise en raison de son rôle dans la conjoncture américaine et par ricochet sur la conjoncture mondiale.
Le constat portait sur l’augmentation réduite de la consommation depuis le début de l’année. Sa progression n’a été que de 1% en taux annualisé au premier trimestre et l’acquis à la fin mai pour le deuxième trimestre est de 1.2% (toujours en taux annualisé). (voir le premier graphe ici)
Les 4 graphes qui suivent permettent de visualiser l’évolution de la consommation par grands postes. J’ai mis le niveau mensuel de janvier 2012 à mai 2014 mais aussi la moyenne par trimestre (avec l’acquis à fin mai pour le deuxième trimestre 2014)
On constate sur le graphe Nord-Ouest la faible progression des dépenses de consommation au cours des premiers mois de 2014. La marche d’escalier visualisée par la moyenne trimestrielle est effectivement plus réduite dans un passé récent.
Pour les 3 premiers mois de l’année, les dépenses de biens durables et de biens non durables ont été limitées. Le repli des dépenses en janvier est clairement observable dans les deux graphes sur la courbe en niveau (nord-est et sud-ouest). L’explication relevant de l’aléa climatique est dans ce cas probablement la plus pertinente (je fais à nouveau ici référence au post d’Atif Mian et d’Amir Sufi lire ici).
Pour les mois d’avril et mai l’enjeu porte davantage sur les services (graphe sud-est). Au regard de l’échelle des dépenses dans les services, toute inflexion dans ce secteur se traduit par un ralentissement au niveau global.
Au cours des deux derniers mois les variations des dépenses en services ont reculé comme le montre le graphe ci-après.
Au sein de ces dépenses de Logement, ce sont celles de gaz et d’électricité qui baissent fortement entrainant l’ensemble comme le montre le graphique de gauche ci-dessous.
C’est ce manque de dynamisme des dépenses qui est préoccupant au regard du rôle de celles ci dans le PIB américain (70%).
Au deuxième trimestre les chiffres traduisent une inflexion dans les dépenses de gaz et d’électricité. Cependant, contrairement à ce qui était généralement observé, ces fluctuations ne sont plus compensées par des dépenses dans d’autres composantes des services. C’est cet essoufflement depuis le début 2014 que montre le graphique ci dessous. S’il n’y a pas de rebond plus marqué et plus durable, la croissance réduite des dépenses des ménages sera un frein au cycle économique américain.