Un commentaire rapide sur l’intervention de Janet Yellen devant le Congrès (Sénat) le 15 juillet.(voir le document de son intervention ici)
La question majeure est celle d’une accélération, ou pas du calendrier relatif au profil des taux d’intérêt de la Fed. Le calendrier défini lors de la dernière réunion est il toujours d’actualité ou faut il accélérer le mouvement comme cela était suggéré dans un article du Wall Street Journal hier (voir ici)
Janet Yellen est restée prudente. Malgré la reprise elle ne veut pas spontanément prolonger les tendances récentes, notamment sur le marché du travail. C’est pour cela qu’elle est restée sur les orientations définies lors de la dernière réunion du FOMC. Les taux resteront bas bien après la fin de l’arrêt des achats d’actifs (octobre 2014). Le calendrier reste celui défini lors de cette réunion: la hausse commencera en 2015 et le taux attendu à la fin de l’année sera proche de 1%.
Elle indique un ajustement symétrique autour de ce scénario. Si la dynamique était durablement plus forte qu’anticipée alors le calendrier de la hausse des taux serait modifié et le taux des fed funds serait alors plus rapidement relevé. Inversement si l’activité était moins rapide qu’attendue, le taux des fed funds resterait bas plus longtemps que ce qui est actuellement anticipé par la Fed.
Durant la séquence des questions-réponses, elle ne s’est pas engagée davantage en raison de l’incertitude sur l’activité. A une question directe d’un sénateur elle n’a pas du tout évoqué la période de 6 mois mentionnée lors de la conférence de presse du mois de mars.
L’incertitude économique évoquée par Janet Yellen peut se lire sur le graphe suivant relatif au marché du travail (voir ici pour une analyse plus large sur le marché du travail)
Depuis le début de l’année, l’emploi a augmenté de 230 000 par mois mais on peut décomposer ce mouvement par 190 000 sur les 3 premiers mois et 272 000 sur les 3 suivants. L’incertitude est de savoir si ce mouvement haussier au printemps est durable ou si c’est principalement un rebond de l’activité après un premier trimestre en chute libre (le PIB s’est contracté de -2.9% en taux annuel (voir ici))
Si effectivement le rythme est durablement au voisinage de 230 000 alors la Fed pourra revoir le profil de ses taux d’intérêt. Cela reste incertain et la Fed ne veut pas s’engager de façon excessive sur ce point. L’économie va bien mais elle ne suit pas une dynamique qui parait excessive. L’emploi est juste revenu à son niveau de janvier 2008. Il n’y a pas de pressions excessives susceptibles de créer des tensions sur les prix ou les capacités de production. C’est pour cela qu’elle reste prudente, elle ne veut pas s’engager dès maintenant sur un profil qui parait excessif et qui ne serait que le prolongement d’un deuxième trimestre fort par rattrapage.
Et je pense qu’elle a raison.
On notera aussi que la Fed à nouveau ne veut pas s’engager dans un cadre trop contraint. Cela avait déjà été évoqué par Janet Yellen lors de sa dernière conférence de presse (voir ici). Janet Yellen ne veut pas s’engager de façon excessive et c’est pour cela que lors de sa déposition elle a rejeté l’utilisation d’une formule, type règle de Taylor, pour définir le profil des taux de la Fed. Elle indique que l’économie est sur une trajectoire qui n’est pas encore suffisamment robuste pour conclure que les paramètres associés à ce type de règle n’avait pas changé avec la crise. Cela pourrait donner des signaux peu pertinents qui s’ils avaient été appliqués auraient contraint davantage l’économie selon Yellen.