Le 14 août l’INSEE publiera le chiffre de croissance du deuxième trimestre. Après la stabilité de l’activité constatée sur les 3 premiers mois de l’année, l’évolution pour les mois du printemps sera réduite. Si la consommation est un peu plus robuste, la production industrielle a chuté. Un chiffre compris entre 0 et 0.1% ne serait pas surprenant. Si la croissance, à nouveau, était étale, il faudrait une progression du PIB de 0.3% aux troisième et quatrième trimestres pour atteindre une hausse de l’activité de 0.5% sur l’ensemble de l’année 2014. Avec 0.1% au deuxième trimestre et 0.3% aux troisième et quatrième trimestres, le chiffre pour l’ensemble de l’année serait de 0.6%. Ces données restent éloignées de la prévision de 0.9% contenue dans la loi de finances pour 2014 (voir ici page 38). En outre l’hypothèse d’un rebond de 0.3% sur deux trimestres consécutifs est audacieuse au regard des évolutions récentes.
On peut résumer la problématique de croissance en France par un graphe simple. Il distingue le PIB, la demande interne (consommation des ménages, investissement et dépenses du gouvernement) et la demande interne privée (consommation des ménages et investissement des entreprises et des ménages). Le graphique ci-dessous montre l’évolution de ces trois grandeurs selon une base 100 au premier semestre 2008 (i.e. avant l’explosion de Lehman)
C’est le profil des trois indicateurs qui est important. Le constat majeur est que la demande privée est plus faible au premier trimestre 2014 qu’au premier semestre 2008. Elle a été une source de faiblesse de l’expansion au premier trimestre. Or c’est l’élément clé pour la croissance. A un horizon de moyen terme, le profil du PIB est, en France, conditionné par celui de la demande privée.
La demande interne continue de progresser. Cela signifie que les dépenses du gouvernement sont un soutien à la croissance.
Les mesures de politique économique
Le pacte de responsabilité c’est le souhait de doper la demande privée via l’investissement. Cela permettrait de retrouver une allure plus forte pour la demande privée et une hiérarchie plus habituelle
Réduire les dépenses de l’Etat c’est prendre le risque d’affaiblir dans la durée le profil de croissance. En d’autres termes, tant que la demande privée ne se sera pas redressée les dépenses du gouvernement ne doivent pas être coupées. Il faut financer bien sûr le pacte de responsabilité mais le faire en même temps que la mesure de soutien aux entreprises c’est prendre un risque sur la croissance. Il faut arbitrer dans le temps ces deux mesures.
Il faut normaliser la dynamique de croissance et la hiérarchie habituelle des contributeurs. C’est cela le rôle de la politique économique pour les trois prochaines années.
On peut ajouter que miser sur l’investissement a du sens pour améliorer la compétitivité des entreprises et pour créer une dynamique plus robuste de l’emploi par la suite. Cependant, les conditions du pacte de responsabilité sont nécessaire mais pas suffisantes. En effet, une entreprise ne va pas investir si elle anticipe que sa demande est fragile et cela même si les conditions de financement de l’investissement sont intéressantes. Elle préfèrera avoir davantage d’informations sur le profil futur de l’activité afin de ne pas dépenser pour rien. Cela veut dire aussi que s’il faut créer une impulsion, modifier la trajectoire de l’économie alors l’investissement public doit avoir un rôle majeur. Cela pourrait permettre également de définir un cadre plus déterministe de l’économie française. Cela pourrait alors réduire l’incertitude.
Sur la période récente la dynamique de l’investissement public a été réduite comme le montre le graphe. Or c’est par ce biais que l’était peut provoquer un changement de repère afin de favoriser la croissance. Le rôle de l’Etat n’est pas terminé de ce point de vue.