A plusieurs reprises dans ce blog j’ai évoqué la situation du Japon après la hausse de la TVA du 1er avril. (voir ici, ici et ici).
La publication du chiffre du PIB du deuxième trimestre n’est dès lors pas une surprise. En taux annualisé le PIB a reculé de -6.8% après une hausse au premier trimestre de 6.1%. L’acquis est de 0.5% pour 2014 à la mi-année. Sur un an, l’activité est étale à 0%.
Le premier graphique montre le profil du PIB depuis 2000. La courbe rouge est une tendance calculée sur la période 2000 – deuxième trimestre 2008 et prolongée. Si la dynamique de l’activité avait évolué de la même façon qu’avant crise depuis 2008 alors le niveau du PIB serait calé sur le bout de cette tendance. Au deuxième trimestre 2014 l’écart entre le PIB et sa tendance est de -8.7%.
Le retour en arrière est très marqué.
Le deuxième graphe reproduit l’évolution des contributions à la croissance trimestrielle du PIB
L’impact sur la consommation a été absolument spectaculaire (bâton bleu). L’investissement n’a pas progressé et la contribution du commerce extérieure est positive en raison de la baisse forte des importations (les exportations ont aussi baissé mais dans de moins grandes proportions). Le restockage correspond au déstockage du premier trimestre et ne donne pas d’indication claire sur l’orientation qui sera prise par les stocks au troisième trimestre.
La question immédiate porte sur l’ampleur du choc subi par l’économie japonaise. Le troisième graphe montre la contribution de la demande interne à la croissance trimestrielle du PIB.
La contribution de la demande interne est négative à hauteur de -13.6%. C’est le repli le plus fort depuis 1980. Il est plus marqué en qu’en 1997 (-9%) lors de la hausse de TVA précédente et il est plus élevé que lors des évènements de Fukushima.
En 1997 la contribution négative de la consommation avait été de -7.7%, elle est en 2014 de -11.3%. La rupture est bien supérieure.
La comparaison avec 1997 est forcément plus complexe ne serait ce que parce qu’en raison de l’attente de la hausse de la TVA les dépenses des ménages avaient augmenté au premier trimestre. Si l’on compare le premier semestre 1997 au deuxième semestre 1996 alors la consommation est en hausse de 0.9%. Le même calcul pour le premier semestre 2014 se traduit par un recul de -0.4% de la consommation par rapport au deuxième semestre 2013. Le choc est donc particulièrement marqué. Si l’on prend le PIB la même comparaison donne 1% en 1997 et 0.6% en 2014. Pour la demande interne les chiffres sont de 0.5% en 1997 et 0.2% en 2014. Quelle que soit la mesure le choc en 2014 a été beaucoup plus important.
En 1997 le choc de la TVA avait provoqué une récession. A l’exception du T3 1997, le PIB avait reculé sur T2 1997, T4 1997 et T1 et T2 1998.
Pour éviter une telle séquence, il faudra que les Abenomics soient renouvelées. Les propos et les mesures d’Abe seront très attendus pour voir si l’économie japonaise est capable d’absorber ce choc ou pas. Je ne le crois pas car la politique monétaire est déjà hyper accommodante. Le Japon va connaitre une récession qui pourrait être longue.