Verbatim de mon podcast de ce matin (ici)
La répartition des revenus est devenu un sujet majeur en raison de la persistance des effets de la crise.
On se souvient à l’automne 2011 du mouvement “Occupy Wall Street“. De manière plus récente le livre de Thomas Piketty donnait un cadre de réflexion pour comprendre et analyser les déformations dans la répartition des revenus.Piketty indiquait aussi que la dynamique de l’économie n’était pas spontanément équitable et que des mécanismes de correction étaient nécessaires.
Cependant, on ne disposait pas d’une analyse formelle reliant l’évolution de la distribution des revenus à la croissance.
Dans un travail récent l’OCDE apporte des éléments de réponse à cette question qui taraude les économistes de longue date: faut il des inégalités afin de créer des incitations favorables à la croissance ? Ou bien est ce qu’une distribution resserrée des revenus n’est elle pas finalement favorable à la croissance moyenne?
Cette question est essentielle pour comprendre la dynamique des économies à moyen terme.
La réponse de l’OCDE est sans ambigüité: une augmentation des inégalités dans la distribution des revenus a un impact négatif durable sur la croissance.
Une mesure simple et immédiate des inégalités est le rapport entre les 10 % des revenus les plus élevés et les 10 % des revenus les plus faibles. Du milieu des années 80 à maintenant ce rapport est passé de 7.5 à 9. La distribution des revenus est devenue plus inégalitaire sur cette courte période de temps.
Des mesures par pays de la déformation dans la distribution des revenus, le coefficient de Gini, montrent que les inégalités se sont accrues dans 16 des 21 pays analysés (du milieu des années 80 jusqu’en 2011/2012). Elle ne se réduisent que dans deux pays: la Grèce et la Turquie. Elles sont stables pour trois pays: la Belgique, les Pays-Bas et La France.
L’impact sur la croissance de ces changements dans les inégalités de revenus est significatif. L’étude suggère que l’impact a été d’environ 10 % au Mexique et en Nouvelle Zélande, de 9 points au Royaume Uni et de 6 à 7 points aux USA, en Italie et en Suède.
En d’autres termes, la hausse des inégalités a pénalisé la croissance au Royaume Uni en lui ôtant 9 points de croissance sur la période. A inégalités inchangées sur la période 1990-2010 le PIB britannique aurait été 9 % plus élevés en fin de période. C’est loin d’être négligeable.
Pour la France, l’OCDE indique que l’impact des inégalités sur la croissance n’est pas significative car pour le Think Tank du Château de la Muette il n’y a pas eu de déformation significative dans la distribution des revenus.
L’OCDE explique que le lien entre distribution des revenus et croissance passe notamment par l’accès à l’éducation. Les plus défavorisés ont un accès plus limité à l’éducation et donc une possibilité moindre d’améliorer leur capital humain.
L’OCDE indique aussi que l’effet de l’éducation n’est pas limité aux 10 % les plus pauvres mais aux 40 % les plus défavorisés dans la distribution des revenus.
L’accès à l’éducation est donc l’élément clé dans l’amélioration de la dynamique de croissance. Cela doit donner un rôle majeur à l’Etat pour favoriser la mise en place de ces conditions.
L’innovation qui est au coeur des processus de croissance passe d’abord par les hommes avant de passer par les process. C’est pour cela que l’éducation et la formation sont les éléments clé de la croissance et de l’amélioration des conditions de vie.