LA BAISSE DE L’EURO, DU PETROLE ET LA POLITIQUE MENEE PAR LA BCE SONT LES ELEMENTS D’UNE RUPTURE A LA HAUSSE:
LA CROISSANCE SERA PLUS FORTE ET L’EMPLOI PLUS ROBUSTE
Depuis le premier trimestre 2011 l’économie française progresse au rythme très lent de 0.4% par an. Après la reprise de 2009 et 2010, les européens et les français avec eux ont considéré que la crise était en passe de s’achever et qu’il fallait rééquilibrer les politiques économiques. Cela s’est traduit par la mise en place de politiques budgétaires très restrictives et par une politique monétaire étonnamment contraignante à partir du printemps 2011; les hausses de taux d’intérêt de la part de la BCE en avril et juillet 2011 n’ont toujours pas trouvé de justifications rationnelles.
Ces mesures ont été suffisantes en Europe et en France pour casser la dynamique de l’activité. Dans l’hexagone, la progression de l’activité a été très lente mais cela a été encore pire pour la zone Euro puisque le niveau de l’activité au troisième trimestre 2014 est toujours inférieur à celui du premier trimestre 2011.
La politique économique a fragilisé la demande privée (consommation des ménages et investissement des entreprises et des ménages) sans la contrepartie d’une demande publique plus robuste. En outre le commerce mondial ayant fléchi depuis 2011 il n’a pas été un support pour l’activité.
En conséquence, les ménages et les entreprises sont devenus prudents même encore en 2014. Chacun craint de s’engager dans la durée en raison de l’incertitude qui pèse même dans un futur immédiat. Cela se lit dans les chiffres de croissance lente qui seront de l’ordre de 0.8% en zone Euro et entre 0.3 et 0.4% en France.
Un environnement économique en rupture
Dans cet environnement fragile, le salut passe par une rupture susceptible de faire bouger l’économie sur une trajectoire plus élevée. A la fin de l’année 2014, ces conditions sont probablement remplies en zone Euro et en France en particulier.
Un euro plus compétitif et qui se rapproche rapidement de 1.2 contre dollar, un prix du pétrole durablement à moins de 60 dollars et une politique monétaire volontariste seront les soutiens forts pour une amélioration dans la durée de l’économie de la zone Euro et de l’économie française.
Pour l’instant, ces ruptures ne sont pas encore vraiment perceptibles. Les enquêtes auprès des chefs d’entreprise et des ménages ne montrent pas encore d’inflexion forte à la hausse. Chacun note cependant l’impact de la baisse du prix de l’essence sur son budget et les arbitrages que cela va permettre. C’est bon aussi pour les marges des entreprises.
La baisse de l’euro va avoir deux effets
D’abord il redonnera de la compétitivité aux entreprises européennes. Au regard de leurs performances récentes, la France et l’Italie en profiteront davantage car leurs résultats à l’exportation ne sont pas fameux. Cela permettra aussi d’exporter à l’extérieur de la zone les progrès de compétitivité qui ont été fait dans certains pays. Je pense notamment à l’Espagne. La baisse de l’euro facilitera l’exportation de ces gains, surtout si l’euro file vers 1.2 contre dollar rapidement puis au-dessous.
Chaque pays bénéficiera d’une impulsion qui donnera un coup de fouet à sa production et permettra la mise en œuvre d’une dynamique cyclique plus homogène entre les pays de la zone puisque ceux-ci échangent beaucoup. Un effet d’accélération de l’activité devrait résulter de cette complémentarité. C’est ce qui avait été observé par le passé.
Ce double effet d’abord via une impulsion sur les exportations et l’activité puis par une intensification des échanges entre les pays de la zone permettront de caler l’économie européenne sur une trajectoire plus élevée.
Le repli profond et durable du prix du pétrole va améliorer les marges des entreprises et redonner du pouvoir d’achat aux ménages. Depuis le début de l’année le prix du pétrole a reculé de plus de 40% en euro.
Un tel repli du prix correspond à un transfert considérable des pays producteurs vers les pays consommateurs. Cette situation améliorera la dynamique interne des économies de la zone et sera un complément fort et durable de l’impulsion provenant de la baisse de l’euro. Car l’analyse du marché du pétrole suggère que le repli du prix s’inscrira dans la durée. L’avantage dont bénéficieront l’ensemble des européens s’observera dans la durée. Cela change l’horizon économique et modifiera en profondeur les comportements.
Le troisième aspect est le maintien dans la durée d’une politique monétaire très accommodante associée à un transfert de risque du système bancaire vers la BCE. Cela fera baisser les primes de risque et améliorera les conditions de crédit dans l’ensemble des pays de la zone. La probable mise en place d’une opération d’apport de liquidité (QE sur dette souveraine) en janvier 2015 accélèrera la baisse des primes et favorisera in fine la reprise du crédit. Là aussi un relais pourra être pris pour accentuer les deux autres éléments mentionnés.
L’attente d’une croissance plus forte et d’une politique économique qui la favorisera
Cette combinaison à 3 dimensions devrait provoquer une impulsion de grande ampleur sur l’économie de la zone Euro et sur celle de la France. Les trajectoires seront plus élevées et plus robuste dans la durée. En conséquence les comportements vont changer car les carnets de commandes vont progressivement se remplir et la crainte que chacun pouvait avoir sur son emploi va se réduire. Le salarié sera rassuré sur le profil du marché du travail et le consommateur, l’autre face du salarié, aura tendance à réduire son épargne et à consommer davantage accroissant ainsi la demande intérieure. La mécanique devrait devenir plus vertueuse et peut-être créer de bonnes surprises.
Pour l’économie française plus spécifiquement, la politique économique devrait être aussi un soutien dans la durée. La baisse de charges associée à la mise en place du pacte de responsabilité améliore les marges et redonne des degrés de liberté aux entreprises. Si la demande attendue s’améliore alors les entreprises auront les moyens de faire des projets tant sur l’emploi que sur l’investissement. Sans les impulsions mentionnées plus haut, le pacte de responsabilité manquait d’efficacité mais en complément de celles-ci cela peut devenir une arme redoutable.
L’économie française pourrait être la bonne surprise de 2015.
Des risques néanmoins.
Les chiffres d’inflation en décembre 2014 et janvier 2015 vont être nuls ou négatifs. Même si ce repli est grandement redevable au prix du pétrole on ne peut pas exclure que cela ait un impact sur les comportements. Cela sera d’autant plus important que les négociations salariales se traduiront par des évolutions très réduites des rémunérations.
Il ne faudrait pas imaginer que la reprise de l’activité pourra s’accompagner de nouvelles mesures restrictives sur le plan budgétaire. Il faut d’abord laisser la croissance s’installer, il sera toujours temps ensuite de mettre en œuvre des réformes structurelles et de faire le nécessaire pour réduire les déficits publics.
Le regain de croissance ne doit pas retarder la mise en œuvre d’institutions plus intégrées au sein de la zone et l’on doit notamment tout faire pour converger vers une politique budgétaire mieux coordonnées afin de disposer à terme d’une politique commune.
Les élections grecques pourraient créer des perturbations dans l’équilibre politique d’un certain nombre de pays. C’est potentiellement un point de fragilité si cela devait limiter les effets positifs des mesures évoquées plus haut.
Une dynamique plus vertueuse dans la durée
L’année 2015 pourrait être celle des bonnes surprises pour la zone Euro et pour la France. La croissance va s’accélérer au-delà de 1% en zone Euro et au voisinage de 1% en France. Ce sera nettement mieux que ce qui a été constaté depuis 2011. Ce mouvement pourrait se prolonger et s’accentuer facilement en 2016. Jusqu’à présent, les acteurs économiques de la zone ont été contraints par des objectifs excessifs en matière budgétaire notamment. Les baisses du prix de l’énergie et de l’euro redonnent des degrés de liberté aux entreprises et aux ménages. Ils vont pouvoir faire des choix plus marqués et moins contraints. C’est l’élément clé pour la mise en place d’une dynamique plus vertueuse.
Publié sans les graphiques sur www.Atlantico.fr
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