Verbatim de ma chronique du jour
La Fed a retiré le terme relatif à la patience nécessaire avant une remontée de ses taux d’intérêt. Pour autant, Janet Yellen dans sa conférence de presse n’a pas indiqué une impatience à changer de stratégie monétaire.
Cela correspond à l’idée selon laquelle la banque centrale américaine ne veut pas donner de signaux spécifiques quant à un calendrier relatif à son éventuelle changement de politique monétaire. Elle a voulu se débarrasser des guidances ces jalons dont la réalisation conditionnait la mise en œuvre d’un changement de taux d’intérêt.
Elle est sorti de ce cadre. Désormais elle revient sur les objectifs qui lui ont été fixés c’est à dire maximiser l’emploi et avoir une trajectoire d’inflation convergeant vers 2%. C’est devenu beaucoup plus neutre. La Fed n’a désormais plus de compte à rendre sur un délai ou sur la satisfaction d’un objectif spécifique. Elle revient sur le cœur de son mandat afin de gagner des degrés de liberté. Ce changement est facilité par le fait que la banque centrale américaine considère que les risques à la hausse ou à la baisse sont équilibrés sur l’activité et l’emploi. Elle espère aussi qu’au-delà des évolutions immédiates, le taux d’inflation convergera vers 2%.
Si l’on perçoit bien la communication de la Fed, elle indique éventuellement sa perception pour la réunion suivante, elle ne fera rien en Avril en l’occurence, et conditionne son changement de politique à la réalisation de ses deux objectifs : sur l’emploi et sur la convergence vers une trajectoire d’inflation à 2%. Cela laisse beaucoup de place pour l’interprétation à la Federal Reserve. Cela permet ainsi de limiter les pressions pour une décision rapide.
Dans le communiqué de presse on retiendra les nouvelles prévisions de la banque centrale américaine. Après avoir constaté que la conjoncture était un peu moins robuste au premier trimestre avec probablement une croissance limitée, la Fed réduit ses prévisions de croissance pour 2015, 2016 et 2017.
Pour cette année, la tendance de croissance du PIB est dans un intervalle de 2.3 à 2.7% contre 2.6 à 3% lors des prévisions de décembre. Pour 2016, l’attente est aussi de 2.3-2.7% contre 2 .5-3% en décembre. Pour autant, le taux de chômage est révisé à la baisse. Il est attendu en 2015 dans l’intervalle 5 – 5.2% contre 5.2 – 5.3% en décembre et il convergerait vers 5% en 2016 contre 5.1% en décembre. La composante liée à l’emploi continue de s’améliorer même si la croissance est un peu plus faible. On notera que la Fed est un peu plus pessimiste sur ses prévisions contrairement à ces dernières années où elle était toujours plus optimiste que le consensus.
En revanche, en raison de l’évolution du prix du pétrole et parce que le dollar est très cher et provoque l’importation d’une désinflation, les chiffres d’inflation ont été revus franchement à la baisse. Le taux d’inflation attendu pour 2015 est dans l’intervalle 0.6-0.8% contre 1 – 1.6% en décembre. Pour 2016, le chiffre est encore en-dessous de la cible de 2% puisque l’intervalle anticipé pour l’évolution des prix est de 1.7-1.9% contre 1.7-2% en décembre. Le taux d’inflation sous-jacent est aussi révisé à la baisse à 1.3-1.4% en 2015 contre 1.5-1.8% en décembre. Pour 2016 les attentes sont de 1.5-1.9% contre 1.7-2% en décembre.
En d’autres termes, la Fed n’anticipe pas une montée des pressions sur l’économie américaine mais constate que le taux de chômage diminue plus que ce qui pourrait être attendu en raison de la baisse plus rapide qu’attendue du taux d’activité.
La Fed dans son ensemble a franchement révisé à la baisse ses attentes sur les taux. Le chiffre médian, fin 2015, était de 1.125% en décembre, il n’est plus que de 0.625% en mars. Je ne suis pas fan de cet indicateur mais il traduit une sacrée révision de la part des membres du FOMC.
Il sera difficile pour le taux d’inflation de converger en 2015 vers une trajectoire de 2%. C’est pour cela que je ne crois pas à une remontée des taux cette année. Tant qu’il n’y aura pas de pressions inflationnistes, il n’y aura pas de changement de politique monétaire. Et clairement après la conférence de presse de Janet Yellen, la Fed ne semble pas pressée.