Verbatim de ma chronique du jour
Le chiffre des inscrits à Pôle Emploi, pour le mois de février, repart à la hausse après l’embellie de janvier. Cependant, il n’envoie pas un signal cohérent avec d’autres indicateurs du marché du travail et de la conjoncture en général.
L’exemple le plus simple est celui des reprises d’emplois soit le nombre de personnes inscrites qui retrouvent un emploi.
En février 2015, les reprises d’emplois chutent de façon spectaculaire. Le trou d’air est bien plus important qu’en mars 2009 au plus fort de la crise. Sur l’ensemble de la série, depuis février 1997, jamais les sorties pour reprise d’emploi n’ont été aussi réduites. Pour fixer les idées, le chiffre de février est de 82 600 contre une moyenne de 93 000 depuis janvier 2013. Celui de mars 2009 au plus fort du repli après la faillite de la banque Lehman était de 86 200.
La crise de l’économie française reprend de plus belle ? Ou est ce que le chiffre de février est une anomalie ?
Trois éléments pour mettre ce chiffre en perspective
Le premier est que les chefs d’entreprises ne souhaitent pas se séparer de leurs employés. L’indicateur que je regarde, dans les chiffres publiés par Pôle Emploi, est la somme des fins de contrats à durée déterminée, des fins de missions d’intérim et des licenciements économiques. Cet indicateur était au plus bas en janvier et rebondit à peine en février (156 000 en février contre 155 300 en janvier). Ce chiffre suggère que les entreprises ne souhaitent pas réduire l’emploi, probablement parce qu’elles perçoivent un changement dans la dynamique macroéconomique
Le second point est que l’indice sur l’emploi issu de l’enquête Markit se redresse depuis le début de l’année. Cet indice est passé au delà du seuil de 50 en février et suggère que les chefs d’entreprises souhaitent être plus actifs sur le marché du travail. Cette embellie du côté des entreprises est confirmé en mars puisque le chiffre est un peu plus élevé. Depuis que cette enquête existe, cet indicateur spécifique sur l’emploi a généralement envoyé un signal cohérent avec les créations d’emplois. C’est pour cela qu’il est pertinent.
Enfin, troisième élément, les perspectives des chefs d’entreprise ne sont pas en rupture. L’indice du climat des affaires était stable en février depuis 5 mois et l’indice synthétique Markit pour la France est repassé au dessus du seuil de 50 depuis le mois de janvier indiquant une meilleure orientation de l’activité.
Sur le graphe j’ai représenté le climat des affaires en différence sur 3 mois et l’indice synthétique de l’enquête Markit. Les deux indices sont en territoire indiquant une amélioration (Positif pour le climat des affaires et au dessus de 50 pour l’enquête Markit)
L’ensemble de ces indications ne plaident pas pour une reprise accélérée et brutale de l’emploi mais il ne justifie pas la rupture observée en février sur les reprises d’emplois. Ce chiffre apparait comme une anomalie même dans la dynamique limitée de l’économie française.
Le chiffre du mois de mars devrait être meilleur car l’indice du climat des affaires de l’INSEE s’est amélioré en mars et l’indice Markit est resté sensiblement au dessus du seuil de 50. La dynamique macroéconomique n’est pas compatible avec une rupture supplémentaire des chiffres de Pole Emploi notamment sur les reprises d’emplois. Il y aura certainement un rattrapage au printemps.