Verbatim de ma chronique du jour
Les élections britanniques aujourd’hui ont des enjeux importants dans une économie qui depuis 2013 a une allure plus robuste. Néanmoins le PIB par tête n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant crise à la fin de l’année 2014. Il est encore 1% en dessous de ce niveau d’avant crise. Ce chiffre est comparable à celui de la France même si au dernier trimestre le Royaume Uni fait un peu mieux que la France pour la première fois depuis le début de la crise.



Cette divergence s’observe dans l’évolution des prix de l’immobilier comme l’illustre le graphique ci après

Un autre point sera l’intégrité de l’ensemble du territoire. Le référendum écossais a échoué en septembre dernier mais le SNP, le parti indépendantiste écossais, sera un arbitre important dans la dynamique politique à la fois dans la formation du nouveau gouvernement surtout si les travaillistes arrivent en tête mais aussi dans la durée. Nicola Sturgeon qui dirige ce parti compte bien faire entendre sa voix. Il est probable que la situation écossaise évolue et que l’Irlande du nord et le Pays de galles souhaitent aussi gagner en autonomie.
La revendication territoriale sera un élément clé des prochaines années, que ce soit sur la dynamique économique et l’équilibre des régions ou sur sa dimension plus politique.
Un point majeur de ces élections sera la possibilité d’un référendum sur l’appartenance du Royaume Uni à l’Union Européenne. Si David Cameron gagne sans conteste les élections il a promis un référendum en 2017. Les travaillistes de Ed Miliband ne se sont pas engagés dans un tel challenge.
Deux remarques sur ce point : s’il y a référendum cela risque de créer une incertitude forte sur l’économie britannique au cours des deux prochaines années. En effet, les entreprises ont bénéficié depuis de nombreuses années de l’avantage que donne l’Union Européenne dans les échanges intra-européens. La possibilité d’un référendum obligerait à discuter de cette dimension et plus seulement du pouvoir de Bruxelles par rapport à celui de Londres. L’emploi au Royaume Uni serait un enjeu. Par ailleurs, on doit imaginer qu’un certain nombre d’opérations financières qui se font aujourd’hui à la City, car dans l’Union, se délocaliseraient ailleurs dans l’Union Européenne.

D’autres questions plus politiques attisent les tensions entre différents partis, je pense notamment à l’immigration qui est une donnée complexe.
La situation au Royaume Uni est ainsi intéressante à plus d’un point : il lui faut trouver un modèle de croissance plus équitable, plus homogène sur son territoire tout en prenant en compte les volontés indépendantistes de certaines régions et en intégrant l’interrogation que le Royaume Uni a sur son appartenance à l’Union Européenne. La résolution de ces questions majeures sera une source d’enseignements forts pour l’Europe toute entière.