L’économie globale manque de perspectives de croissance à moyen terme (voir ici).
Si l’on veut comprendre la dynamique récente des marchés financiers et des matières premières c’est par ce prisme qu’il faut commencer.
Cette perception s’est accentuée récemment avec l’évolution de la situation en Chine. Jusqu’à présent, les autorités chinoises avaient géré le ralentissement de leur croissance avec des mesures internes. Cela s’était traduit notamment par des évolutions rapides de l’endettement des entreprises publiques. Cela n’a fonctionné qu’un temps (voir ici). Le soutien via le marché des actions n’a pas bien fonctionné non plus.
Le challenge est de renforcer l’efficacité de l’économie chinoise en améliorant la productivité de leur économie via notamment un changement dans le mode de fonctionnement des entreprises publiques (majoritaires) par l’apport de capitaux privés. Ce changement profond prendra du temps mais il s’accompagnera aussi d’une croissance à moyen terme qui sera plus réduite que ce qu’elle a été par le passé. De ce point de vue un graphe intéressant a été publié récemment par la Fed de San Francisco. Il s’interroge sur le profil de la croissance chinoise en calant sa trajectoire sur celles observées par le passé du Japon et de la Corée du sud. La croissance serait plus réduite dès les années 2020. (voir ici)
A court terme, l’ajustement du change est une façon de limiter une réduction trop rapide de l’activité. Pour éviter une inflexion supplémentaire de celle-ci il est probable que la monnaie chinoise va continuer de s’ajuster à la baisse car pour l’instant l’impact sera limité, c’est juste un signal.
Cette situation a quatre conséquences
La première est de modifier en profondeur les perspectives de croissance de l’économie globale.
La Chine n’a plus du tout l’impact qui était le sien dans la première décennie des années 2000 et elle ne retrouvera plus cette influence. Cela implique qu’en raison d’une croissance limitée aux USA (2.1% en moyenne depuis le point bas de la récession de 2009 (2ème trimestre)) et d’une reprise réduite en Europe et en zone Euro, la croissance de l’économie globale va être durablement pénalisée.
Les investisseurs doivent ajuster leurs prévisions de résultats à cette situation. La source de la volatilité est ici. Les perspectives d’activité changent dans la durée et cela oblige à réviser les anticipations sur les trajectoires des résultats.
En d’autres termes, la Chine n’est plus perçue comme la source ultime de la croissance globale contrairement à ce qui était observé dans un passé récent.
La deuxième conséquence est que les politiques économiques devront rester très accommodantes, y compris celle de la Fed. Cela découle de cette absence de perspectives et de la nécessité pour chaque pays ou zone géographique (zone euro) de soutenir sa demande interne pour avoir de la croissance. Celle-ci ne viendra pas d’une impulsion externe. C’est un point que j’ai largement développé ici.
Cette situation a été intégrée sur le marché des taux américains puisque ce matin le taux du 10 ans est à 2%. La Fed est perçue comme plus hésitante pour relever ses taux d’intérêt dès septembre (voir ici)
Cela oblige aussi à se pencher sur le rôle que pourrait avoir la dette publique dans la gestion de court terme de l’absence de croissance suffisante (voir ici)
Il y a néanmoins un impact autorégulateur de ce changement de perspectives via la baisse du prix des matières premières et notamment du pétrole. Le prix du Brent est ce matin sous le seuil de 45 dollars. Ce troisième point permettra de renforcer la situation des pays industrialisés. Le consommateur va gagner en pouvoir d’achat et les entreprises industrielles vont avoir des marges plus confortables. Cela conforte notamment la perspective de reprise dans les pays européens mais celle ci ne reste pointée que vers une croissance de 2 – 2.5% en haut de cycle.
Le quatrième point est que l’on ne connait pas le point d’arrivée dans la révision à la baisse des perspectives. Dès lors les marchés d’actifs risqués vont rester très volatils alors que les taux d’intérêt resteront durablement bas, probablement plus longtemps que ce qui était anticipé auparavant.