Dans une série de posts récente (voir ici, ici et ici) je m’inquiétais du profil de l’économie mondiale.
Le point que j’y développais était le suivant:
Le commerce mondial a une évolution trop lente et atypique par rapport à ce qui était observé par le passé. La raison principale était l’absence de moteur de croissance susceptible de tirer à la hausse l’économie globale. Les Etats-Unis et plus récemment la Chine avaient joué, dans le passé, ce rôle d’impulsion de l’activité capable de caler la trajectoire de l’économie mondiale sur un niveau élevé.
Actuellement, les Etats-Unis et la Chine n’ont plus les moyens ni les capacités de tenir ce rôle. L’Europe, qui est en phase de reprise modérée, n’est pas spontanément susceptible de créer ce type d’impulsion.
De la sorte, même si les échanges restent à un haut niveau, il n’y a pas d’impulsion génératrice d’une croissance durable des échanges.
Cela implique qu’il ne faudra pas attendre du commerce mondial un support fort et durable pour la croissance. Il faut en revanche, pour chacune de ces zones, se concentrer sur leur demande interne (consommation, investissement). C’est pour cela que les politiques économiques vont rester durablement accommodantes.
C’est pour cela que la dynamique de la dette publique doit être perçue comme un moyen de doper la demande actuelle (via l’investissement productif notamment) pour soutenir la demande aujourd’hui et la caler sur une trajectoire plus élevée. La dette publique peut permettre de rembourser plus tard. (voir ici)
Cela oblige à réfléchir différemment la dynamique de l’économie globale. De ce point de vue, la question relative à la Chine est intéressante. Il est probable que la Chine aura un profil d’activité qui ressemblera à celui du Japon et la Corée du sud. En d’autres termes la croissance chinoise d’ici à une dizaine d’années sera de l’ordre de 3 à 5%. On ne doit plus anticiper une reprise de l’activité globale tirée principalement par la Chine comme cela l’a été depuis le début des années 2000. C’est pour cela qu’en maintenant un haut niveau des échanges, il faut que chaque région trouve ses propres sources de croissance.
Le risque est celui d’une instabilité résultant d’un comportement spécifique. Ce peut être le cas par le biais d’une dépréciation de la monnaie. C’est l’idée que le changement de parité pourrait permettre d’améliorer les perspectives parce que le marché interne est incapable spontanément de le faire. Cela a été le raisonnement de la BCE à partir du printemps 2014 et la mise en œuvre d’une politique monétaire durablement accommodante. C’est peut être aussi l’interprétation que l’on pourrait faire de l’ajustement récent du yuan.
L’analyse qui précède reposait sur les chiffres des échanges à fin mai. On dispose désormais de ceux à fin juin.
Le premier graphe représente l’évolution annuelle du commerce mondial.
Le chiffre de mai a été légèrement révisé à la baisse à -0.1% sur un an au lieu de +0.4%. En juin la croissance des échanges est comparable à ce qui a été observé depuis l’été 2011. Ce n’est toujours pas suffisant.
L’évolution en niveau montre que le rebond de juin n’élimine pas la tendance à la baisse constatée depuis le début de l’année. Il recule en rythme annualisé de -3.8% par rapport à décembre et de -2.1% sur le 2ème trimestre par rapport au premier.
Ces nouvelles données ne modifient pas l’analyse reprise en introduction.