Que retenir du rapport sur l’emploi de mai 2016?
- Les créations d’emplois ont été très réduites: +38 000 soit une moyenne mensuelle de 150 000 depuis le début de l’année contre 219 000 en 2015 sur la même période.
- Le taux de chômage est tombée à 4.7%. La population active s’est fortement contractée en mai mais le nombre de chômeurs s’est réduit encore plus vite.
- Le nombre de personnes travaillant à temps partiel mais souhaitant travailler davantage a fortement augmenté en mai. Cela traduit le changement de tendance sur le marché du travail et l’absence de tensions au sein de celui ci.
- Le retournement du taux d’activité, déjà perceptible en avril, s’est accentué en mai. La baisse de ce taux (rapport entre les gens ayant un emploi ou en cherchant un activement sur la population de plus de 16 ans) indique que le nombre de personnes ayant un emploi ou en recherchant un activement s’est réduit nettement.
La population de plus de 16 ans a continué d’augmenter mais celle de ceux ayant un travail ou en recherchant un s’est nettement réduite pour le 2ème mois consécutif. - Le taux d’emploi se replie également pour le deuxième mois consécutif. Le redressement observé sur cet indicateur depuis le début de l’année est fragilisé même si le taux d’emploi de mai est supérieur à la moyenne de l’ensemble de 2015 (62.59% contre 62.42% en moyenne en 2015)
- Par grands secteurs, c’est le secteur des telecom qui a été très pénalisé en raison de la grève de Verizon (34 000 en moins en net sur le secteur et -35 000 liés à Verizon). Dans le secteur des la production de biens le repli est significatif: -36 000 en mai contre -14 000 en moyenne sur les 3 derniers mois. C’est la construction qui a le plus souffert (-15 000 contre +15 000 sur les 3 mois précédents en moyenne). Le secteur manufacturier fait marginalement mieux (-10 000 contre -14 000 sur la moyenne des 3 derniers mois).
Dans les services, le repli le plus marquant est celui des services aux entreprises (+10 000 contre +40 000 en moyenne sur les 3 derniers mois). - Le taux de salaire progresse au rythme de 2.5% comme en avril.
Conclusion
Le chiffre est très surprenant et même si l’on prend en compte les erreurs de mesure qui peuvent aller jusqu’à 100 000 le rapport n’est pas bon. Ce qui est préoccupant est que c’est le deuxième mois consécutif durant lequel le rapport sur l’emploi est médiocre. Même si l’emploi est un indicateur retardé de l’activité, ces chiffres traduisent une nette inflexion au printemps. La dynamique sous-jacente de l’économie est limitée.
Le seul indicateur qui paraisse bon à première vue est le taux de chômage à 4.7%. Il traduit néanmoins un nombre élevé de gens qui sont sortis du marché du travail.
La Fed, si enthousiaste à remonter son taux de référence en juin, (voir ici) se retrouve dans l’embarras. La réunion de juin ne devait probablement pas se traduire par une hausse des taux en raison du référendum imminent sur le Brexit. La statistique d’aujourd’hui réduit encore la probabilité d’un telle changement.
Pour juillet, il faudra voir en fonction des données à venir. Au regard de la volonté des membres de la Fed n’enterrons pas trop vite une remontée en juillet. Les prévisions de croissance sur le T2 avant ce rapport sur l’emploi était de 2.2% à la Fed de NY et de 2.9% à celle d’Atlanta (ces prévisions utilisent les données du 2ème trimestre pour construire la prévision). Les chiffres évoqués suggèrent que l’économie n’est pas au fond du trou. C’est d’ailleurs ce que l’on a vu avec la hausse rapide des dépenses de consommation en avril.
Néanmoins un sérieux doute existe quant à la possibilité d’une remontée en juillet.
La conjoncture n’est peut être pas si robuste aux USA pour s’autoriser une hausse de taux d’intérêt..
Graphes de référence
1 – La progression de l’emploi est nettement moins rapide depuis 3 mois
2 – Le ralentissement est net par rapport au passé immédiat
L’inflexion de l’emploi dans les services est significatif et va au-delà des -35 000 liés à Verizon
3 – L’inflexion est clairement perceptible en 2016 par rapport aux années précédents sur les 5 premiers mois.
4 – Le taux de chômage est néanmoins au plus bas depuis novembre 2007
5 – Le travail à temps partiel non souhaité augmente rapidement en mai. Le marché du travail est encore loin de l’équilibre. Les poches d’inefficience dont parle souvent Yellen sont encore là.
6 – Le taux d’activité repart à la baisse. Les gens sortent du marché du travail (En français on dit taux d’activité mais souvent on reprend le terme anglais de taux de participation)
7 – Le taux d’emploi se replie mais reste supérieur à la moyenne de 2015
8 – Le taux de salaire se maintient à une hausse de 2.5% sur un an. Pas franchement de tensions sur le marché du travail. Cependant le taux de progression se cale désormais sur 2.5% contre 2 % de 2012 à 2015. Ce n’est pas encore franchement inflationniste.
9 – L’évolution sectorielle de l’emploi est généralement nettement plus faible en mai que lors des 3 derniers mois. L’éducation et la santé ainsi que les emplois publics sont les seules exceptions.