La croissance du PIB français est sorti à +0.2% au troisième trimestre (0.9% en taux annualisé) après -0.1% au printemps et 0.6% au premier trimestre. Sur un an, la croissance est de 1.15%. L’acquis pour 2016 à la fin du 3ème trimestre est également de 1.15% (croissance 2016 si le chiffre de croissance du 4ème trimestre était nul).
Cela implique que sous une hypothèse raisonnable, la croissance devrait être de l’ordre de 1.2% en 2016. Le chiffre de 1.5% prévu officiellement n’est plus atteignable. Ce profil est cohérent avec ce que j’évoquais il y a deux jours (voir ici et là).
La question est celle de l’impulsion capable de changer à la hausse la trajectoire de l’économie française. Sinon il faudra admettre que 1.2% est probablement le pic de croissance dans ce cycle, ce qui n’a rien de satisfaisant.
Le graphe montre l’allure du PIB en France depuis 2000. L’écart avec la tendance d’avant crise ne se comble clairement pas.
Depuis 2011 il a eu trois étapes: de 2011 et jusqu’au début de 2013 le PIB a stagné, il progressera ensuite pendant 3 ans et est depuis la fin du premier trimestre 2016 sur un plateau. La question est celle de la source d’impulsion qui permettrait de s’écarter de cette dynamique réduite.
Le graphe suivant décompose les contributions à l’évolution trimestrielle du PIB.
Le premier constat est la contribution inexistante de la consommation des ménages pour le deuxième trimestre consécutif. La principale fragilité des chiffres français est là. On ne peut pas attendre une hausse durable du PIB sans un soutien fort de la consommation. L’investissement a aussi une contribution réduite. En revanche, les dépenses de l’Etat jouent toujours un rôle fort dans l’évolution conjoncturelle. La demande interne contribue peu, à peine plus qu’au deuxième trimestre.
Le commerce extérieur a une contribution fortement négative (en vert sur le graphe). Le rebond des importations (après une contraction au T2) explique cela alors que les exportations évolue à un rythme modéré.
L’ajustement s’est opéré sur les stocks. Le déstockage avait tiré le PIB à la baisse au printemps, il le tire à la hausse à l’été.
Le détail de l’investissement montre que l’investissement des entreprises est un autre point faible de la conjoncture française depuis 2 trimestres. Peut on espérer un changement de tendance avant les prochaines élections présidentielles? C’est une question majeure
D’une manière générale, l’inflexion de la croissance française depuis 2 trimestre provient de la moindre progression de la demande interne et notamment de la demande interne privée (en rouge sur le graphe). On observe que cette dernière stagne depuis 2 trimestres. Cela peut être lié aux chocs subis par la société française après les attentats de l’été. Est ce une explication suffisante ? Pas sûr car on voit que sur les chiffres mensuels de consommation, les dépenses des ménages sont encore en retrait en septembre. Il y a probablement d’autres explications, peut être en terme d’incertitude sur le marché du travail, en terme de dynamique du pouvoir d’achat ou encore de capacité à se projeter dans le futur. C’est sur cette fragilité de la demande privée qu’il faut se pencher car sans une inversion à la hausse de sa tendance la croissance ne repartira pas.