La réunion de la Fed va se traduire très certainement par une hausse de taux d’intérêt de 25 points de base. La banque centrale américaine l’a suffisamment évoqué pour ne pas le faire. Elle prendrait le risque d’une perte fort en crédibilité.
Ce qui nous intéresse c’est après, ce qui va se passer en 2017.
Mon analyse
Jusqu’à présent le rôle de la Fed, comme de la BCE notamment, est de doper la demande interne privée afin de soutenir la croissance. Ce qui est nouveau dans le cycle, par rapport au passé, est de trois types
1 – L’absence d’impulsion du reste du monde car le commerce mondial ne progresse pas. Par le passé le commerce mondial était une source majeure d’impulsion notamment en Europe.2 – La politique budgétaire est neutre depuis 2014 et n’a qu’une incidence réduite sur le profil de l’activité.
3 – Plus spécifiquement aux USA, la faible croissance de la productivité fait que la réponse américaine à la crise a été beaucoup plus faible que par le passé. Cela n’a pas permis de caler l’économie US sur une trajectoire élevée. En conséquence, la croissance mondiale a été plus réduite.
La demande privée n’a pas une allure très robuste dans ce cycle (voir les graphes en annexe). Dès lors pour doper la croissance, les banques centrales doivent créer les conditions pour que les acteurs de l’économie aient une faible incitation à reporter leur richesse dans le temps. C’est l’objet des taux d’intérêt très bas sur l’ensemble des échéances. La banque centrale fixe le taux de court terme et peut intervenir sur l’ensemble des maturités via une opération de quantitative easing (BCE) ou un ciblage de taux à 10 ans (Banque du Japon). L’objectif est de renforcer la demande interne privée aujourd’hui.
Ce qui change en 2017
La demande interne privée aux USA va être dopée par la baisse des impôts du programme du nouveau président américain. Dans ce cas, le rôle de la politique monétaire change en profondeur. Elle n’a plus à maintenir des taux très bas pour soutenir la demande privée puisque la politique budgétaire s’en charge.
L’équilibre des politiques économiques est mieux assuré et est plus efficace.
La Fed qui cherche à retrouver des marges de manœuvre va avoir des opportunités. La hausse programmée pour ce 14 décembre ne traduisait pas la nécessité d’intervenir pour contraindre l’économie mais la volonté de retrouver une capacité plus importante à gérer la politique monétaire.
Jusqu’à présent la banque centrale US craignait qu’une série de hausses soit pénalisante pour l’activité. C’est la thématique de l’asymétrie de la politique monétaire développée notamment par Lael Brainard. Dans ce cadre il vaut mieux agir top tard (lorsqu’il y a un peu d’inflation) que trop tôt (ce qui serait dommageable pour l’activité).
Avec une politique budgétaire plus volontariste, la Fed va pouvoir gagner encore davantage en marge de manœuvre. On peut s’attendre à ce qu’elle remonte son taux de référence au moins deux fois en 2017.
La croissance un peu renforcée et les hausses de taux de la Fed se traduiront par des taux longs plus élevés en 2017 aux USA. Le taux 10 ans pourrait tendre vers 3%.
Ce soir durant la conférence de presse c’est à ce point particulier que nous serons attentif car le cadre américain a changé.
Comment la Fed se projette-t-elle en 2017 dans ce nouveau cadre? Pas simplement sur le graphe des dots qui indiquent les anticipations des membres du comité de politique monétaire mais surtout nous chercherons dans le propos de Yellen ce qui éclairera 2017.
Annexe
Le premier graphe représente la demande privée de la zone Euro. Le second celle des USA
Ce qu’il faut retenir pour la zone Euro
Le niveau de cette demande interne privée n’est pas revenu à celui de 2008. La tendance était haussière avant 2007 et depuis très longtemps. Il y a une double rupture depuis. La première est liée à l’effet Lehman en 2008 et le second aux politiques d’austérité. Tant que la demande interne privée n’aura pas l’allure souhaitée la BCE maintiendra une politique accommodante.
Ce qu’il faut retenir des USA
Chaque ligne représente la profil de la demande interne privée durant un cycle (du point haut au point haut suivant) depuis la seconde guerre mondiale. Tous les cycles ont des allures cohérentes sauf celui qui démarre avec le pic cyclique du quatrième trimestre 2007. C’est cela qui a contraint la Fed