Le discours d’investiture de Donald Trump a été sans ambiguïté; l’objectif premier du nouveau président est de repositionner les Etats-Unis dans le monde. D’ailleurs sa première action a été de sortir les USA de l’accord TPP avec l’ensemble des pays asiatiques sauf la Chine. En d’autres termes, l’Amérique se définit dans sa relation avec le reste du monde et non pas dans la puissance que le gouvernement peut lui donner. Ce dernier point apparaît comme secondaire dans la lecture du discours. (Voir ici l’analyse du discours)
Cela peut, en conséquence, provoquer un questionnement quant à la hiérarchie de la politique économique du nouveau gouvernement. Il est généralement admis que la baisse des impôts pour les ménages et pour les entreprises sera la première mesure phare. Le Congrès est en accord avec la Maison Blanche sur le principe même si les modalités ne convergent pas dès maintenant. C’est cette nouvelle donne de la politique budgétaire qui est la raison pour laquelle des taux d’intérêt plus élevés sont attendus. Dans ce cadre, la politique commerciale extérieure était, dans un premier temps, moins mise en avant. L’idée de cette hiérarchie était de renforcer d’abord la dynamique interne afin de créer une adhésion forte derrière le gouvernement puis de mettre en oeuvre une stratégie de défiance vis-à-vis du reste du monde mais avec une base domestique solide et convaincue.
La lecture du discours d’investiture suggère que la hiérarchie change et que la politique commerciale des Etats-Unis est en train de prendre le dessus sur le reste. L’idée alors est de considérer la société américaine comme étant en danger. Les mots du discours d’investiture vont dans ce sens. La situation de l’économie américaine semble précaire dans le discours alors que l’économie est quasiment au plein-emploi. Il faudrait passer à une « économie de combat » et prendre le reste du monde comme bouc émissaire. C’est une recette traditionnelle. Le risque d’une politique extérieure plus agressive est de créer un choc négatif persistant sur le commerce mondial. Le monde entier serait pénalisé y compris les citoyens américains. Le début des négociations avec le Canada et le Mexique sur l’accord de libre-échange (ALENA) témoigne de cette vision nouvelle et de cette nécessité de se repositionner.
Ce changement dans la hiérarchie de la politique économique pourrait résulter de la possibilité du président américain à agir seul sur la politique commercial alors que l’accord du Congrès est nécessaire pour la réduction des impôts. La volonté d’agir vite peut ainsi cibler d’abord la politique commerciale. On ne peut pas exclure en outre que cela traduise une volonté d’assumer seul le pouvoir et/ou des difficultés dans les relations avec la majorité républicaine du Congrès. Cela
Si c’est cette option de combat qui l’emporte alors le scénario macroéconomique à retenir serait d’une nature différente de celui qui est anticipé. Le reste du monde bénéficierait éventuellement de l’effet résultant de la baisse d’impôts. En revanche en cas de politique commerciale américaine plus agressive on doit imaginer des mesures de rétorsion des pays visés. Le scénario deviendrait alors beaucoup plus heurté. Les perspectives changeraient de nature puisque l’on entrerait alors dans un cadre global moins coopératif et moins coordonné.