La proposition d’avoir conjointement une monnaie commune et une monnaie nationale a été faite ce week-end.
Un tel cadre fait l’hypothèse que la France puisse emprunter de la crédibilité au reste de l’Europe afin d’avoir accès à une monnaie internationale stable. Il faudrait ainsi avoir l’accord de tous les partenaires de la France pour mettre en place cette monnaie commune. Cette crédibilité empruntée serait nécessaire pour contrebalancer la fragilité de la monnaie nationale puisque la politique monétaire aurait pour mission de financer les dépenses de l’Etat via la planche à billets (proposition 43 du programme). Ce dernier point est un facteur de fragilité de la monnaie nationale.
Cette monnaie commune ne serait pas une réminiscence du Système Monétaire Européen. Elle ne serait pas l’ECU qui n’était qu’une unité de compte. La raison principale est que pour faire fonctionner le SME il était nécessaire d’avoir des politiques monétaires convergentes. Le programme de Marine Le Pen est de faire financer les différentes dépenses de l’Etat par la Banque de France qui perdrait aussi et ainsi son indépendance. Une telle politique monétaire ne saurait être cohérente avec celle menée en Allemagne.
On peut ainsi douter que l’Allemagne puisse faire partie des pays membres de la monnaie commune puisque ce pays refuse un financement direct de l’Etat par la banque centrale. Cela fait partie des statuts de la BCE et cela a été fait sur l’insistance de l’Allemagne. La monnaie commune sans l’Allemagne n’aurait pas d’intérêt par manque de crédibilité.
On ne connaît pas non plus le taux de change entre la monnaie nationale et de la monnaie commune. Serait-ce un flottement, un change fixe mais ajustable?
On ne connaît pas non plus les modalités du passage, la convertibilité, de l’une à l’autre monnaie. Si la planche à billets fonctionnait alors la dévalorisation de la monnaie nationale serait rapide, personne ne voulant en détenir. Il y aurait donc la nécessité de contrôler les mouvements de capitaux et une conversion centralisée de la monnaie nationale vers les autres monnaies.
La leçon de cette annonce
Les autres pays et notamment l’Allemagne n’accepteront pas ces conditions. Ce serait alors le moyen d’indiquer, pour le gouvernement français, qu’en raison de l’opposition de nos partenaires la France doit sortir des institutions européennes et de la zone Euro. L’annonce n’est donc qu’une façon de masquer, le temps des élections, la volonté de sortir de la zone Euro. Le risque sera de rentrer dans une guerre des monnaies à l’échelle de l’Europe c’est-à-dire avec les principaux partenaires commerciaux de la France. Cette double monnaie n’est vraiment pas une bonne idée.
Ce texte est le verbatim de mon podcast d’hier disponible ici