Comme prévu, la Fed, lors de sa réunion des 19 et 20 septembre, a annoncé la mise en place du processus de réduction de la taille de son bilan pour le mois d’octobre. Le détail qui avait été présenté en juin est disponible sur un post envoyé plus tôt aujourd’hui et récapitulant l’ensemble des éléments à connaitre.
Lors de la conférence de presse, Janet Yellen a clairement indiqué que la hiérarchie des instruments de la politique monétaire est claire. La banque centrale dispose de deux instruments que sont le taux des fed funds et l’achat d’actifs. En temps normal, a dit la présidente de la Fed, c’est l’instrument de taux qui sera utilisé exclusivement. La gestion de la politique monétaire ne se fera que par le biais des taux d’intérêt. Ce n’est que dans une situation perçue comme particulière que la Fed pourrait utiliser à nouveau l’achat d’actifs. L’un est la règle, l’autre l’exception. Cela a le mérite d’être direct et claire. Mais c’était une question pertinente en cas de choc négatif sur l’activité. Le taux actuel de la Fed est trop bas pour qu’une baisse brutale ait des effets forts et durables sur la conjoncture immédiate. Un ajustement quantitatif pourrait être nécessaire. En tout cas elle considère que les deux instruments doivent rester dans la boite à outil de la banque central.
L’autre remarque est sur l’efficacité de ces opérations d’achat d’actifs. La présidente de la Fed trouve l’opération efficace pour soutenir et supporter l’activité. Elle évoque sur ce point les Etats-Unis et la zone Euro notamment. A aucun moment elle ne donne la perception d’attendre que le QE soit le vecteur d’une accélération des prix et de la convergence de l’inflation vers 2%. C’est peut être une différence d’appréciation avec Mario Draghi qui espère toujours que le QE sera un vecteur majeur du retour de l’inflation vers 2%.
La Fed anticipe encore une hausse de taux d’intérêt en 2017 (1.375 en milieu de fourchette fin 2017), trois hausses en 2018 (2.125% fin 2018), deux hausses en 2019 (2.625% fin 2019) et une hausse en 2020 (2.875% fin 2020).
L’explication est que la trajectoire de l’économie reste robuste et qu’il est nécessaire d’adapter la politique monétaire à cette trajectoire solide. Dans les projections le taux de chômage est très proche de 4% et l’inflation se rapproche de 2%. Dans ces conditions la normalisation n’est pas étonnante même si les perspectives sur la croissance sont faibles (1.8% en 2020). Janet Yellen avoue par ailleurs ne pas très bien comprendre les raisons d’une inflation aussi faible actuellement. Elle pense implicitement que c’est un facteur temporaire et que la hausse des prix reviendra vers les 2%.
Le communiqué fait référence aux chocs climatiques considérant que les effets de court terme n’étaient que temporaires et n’infléchissent pas la tendance de long terme de l’économie.
La Fed est confiante dans le profil attendu de l’économie. C’est pour cela qu’elle peut commencer à réduire la taille de son bilan et c’est pour cela aussi qu’elle continuera de monter ses taux d’intérêt. C’est la fin d’une étape dans la gestion de la politique monétaire. La crise, aux Etats-Unis, devient vraiment du passé.
Dernier point, la Fed n’est pas optimiste. La projection du taux des fed funds à long terme repart à la baisse à 2.75%. Cela traduit l’absence de rebond des gains de productivité et le choc démographique qui touchera l’économie américaine dans le long terme. La normalisation est dès lors toute relative car en aucun cas, aujourd’hui, on ne peut imaginer revenir vers les valeurs qui étaient attendues début 2012 (4.25%) et qui faisaient référence aux valeurs d’équilibre d’avant la crise de 2008. La crise est effectivement du passé mais en aucun cas cela traduit un renouveau. C’est plutôt la gestion d’une situation dégradée dans la durée.