Trois éléments pour comprendre l’ajustement des marchés d’actions aux USA.
1 – Des anticipations d’inflation moins neutres
La Fed dans son communiqué de presse mercredi dernier puis le rapport sur l’emploi ont alimenté des anticipations inflationnistes plus marquées.
La Fed en indiquant que l’inflation allait converger vers 2% et s’y maintenir. Le rapport de l’emploi parce que le taux de salaire était en hausse sur un an à 2.9% (plus haut depuis un bon moment)
Avec une croissance qui va s’accélérer à court terme en raison des effets à court terme de la politique fiscale (La Fed d’Atlanta dans son modèle de Nowcasting est à 5.4% en taux annualisé pour le T1 2018) les investisseurs ont perçu la possibilité d’une normalisation plus rapide qu’attendu de la politique monétaire.La remontée des taux a été alimentée par ces deux points: des anticipations d’inflation plus fortes et une normalisation de la PM plus rapide. L’arbitrage avec les marchés actions s’est traduit par un ajustement brutal du marché américain avec ensuite les effets de contagion standards vers l’Asie et l’Europe.
2- Changement de gouvernance à la Réserve Fédérale
Janet Yellen est partie ce week-end. Elle avait réussi à amener l’économie au plein emploi sans tensions ni déséquilibres excessifs. C’est en cela qu’elle a été efficace.
Jay Powell arrive et l’on ne sait pas bien ce qu’il va faire. Souvent les ajustements de marchés reflètent des inflexions ou des changements dans la politique monétaire. C’est pour cela que le départ de Yellen est important.
Il pourrait y avoir des changements dans la gestion de la politique monétaire: à la fois dans le profil des taux et aussi dans la communication. On pourrait imaginer une incertitude plus forte sur ce que fera la banque centrale.
Il va prêter serment aujourd’hui mais on en saura plus à la mi-mars lors de la prochaine conférence de presse de la Fed.
3- L’économie est robuste L’économie US va plutôt bien et la question est la suivante: est ce une correction des marchés ou un changement de référence et de modèle.
Spontanément je suis plutôt sur la correction car les éléments qui ont tenu les salaires bas n’ont pas disparu (partagé de la valeur ajoutée en faveur des entreprises, faibles gains de productivité, baisse continue du taux de syndicalisation,….). Ces facteurs expliquent bien l’absence de pression sur les salaires et ils n’ont pas disparu. D’où l’idée de correction plutôt que de rupture.
Mais si on se met en tête une normalisation plus rapide de la politique monétaire alors on doit imaginer davantage de volatilité sur les marchés
L’incertitude majeure reste la capacité de la Fed à réagir en cas de baisse plus marquée des marchés. Habituellement dans une situation d’ajustement brutal des marchés elle réduit brutalement son taux de référence. Aujourd’hui le taux des Fed funds est en milieu de fourchette à 1.375%. La banque centrale US n’a pas les moyens d’intervenir comme elle le faisait par le passé. C’est cet aspect qui me préoccupe le plus.