Les sanctions annoncées par Donald Trump et relatives à l’Iran sont un vrai casse-tête pour les entreprises européennes qui s’étaient redéveloppées dans le pays depuis l’accord de juillet 2015.
De ce point de vue il faut distinguer un éventuel accord politique, portant sur la question nucléaire, entre l’Iran et les autres signataires de l’accord de 2015 à l’exception des Etats-Unis et la question des sanctions économiques. Selon celles ci l’Iran serait fortement contraint dans son développement économique puisque les entreprises étrangères travaillant avec l’Iran seront susceptibles de sanctions importantes de la part des américains. Avant 2015 on a vu l’importance des sanctions contre les banques qui contournaient les sanctions. D’ailleurs, peu rassurées parce que l’accord ne leur paraissait pas pérenne de nombreuses banques sont restées en dehors de l’Iran même après l’accord de juillet 2015.L’affaire ZTE arrive à point nommé. Cette grande entreprise chinoise de télécommunication est très dépendante dans son développement des achats de composants américains. Après avoir plaidé coupable, en 2016, de réexportations de composants US vers l’Iran et la Corée du Nord la firme chinoise est sanctionnée aujourd’hui pour de fausses déclarations sur les mesures prises à l’encontre de ses dirigeants.
ZTE, spécialiste de la technologie 5G, ne pourra plus acheter de composants américains. Elle ne pourra donc plus mettre en œuvre son activité de façon habituelle que ce soit dans la fabrication et la vente de smartphones ou que ce soit dans celle relative à la recherche en télécommunication.
Cette annonce arrive à point nommé car pour ZTE l’impact des sanctions peut être considérable. L’affaire est d’une telle importance qu’elle est négociée actuellement entre XI Jinping et Donald Trump. Quelle entreprise voudra prendre un risque du même type?
La question posée pour les entreprises est de savoir si elles sont dépendantes de fournisseurs américains, si elles ont accès au marché américain ou si elles sont dépendantes de financement en dollar.
Pour le premier cas l’exemple de ZTE est suffisamment fort pour provoquer une attitude défensive.
Pour le deuxième cas la problématique est encore plus directe et l’on doit en outre étendre le marché à l’ensemble de la zone d’influence des Etats-Unis. C’est une zone gigantesque. Une entreprise européenne pour se développer peut elle s’en passer ?
Sur le dernier point, rappelons que les transactions internationales se font aux 2/3 en dollar. Si la monnaie américaine n’était pas la monnaie de référence alors le contournement des sanctions serait aisée. Ce serait le cas si l’euro avait ce statut puisqu’alors c’est sa zone d’influence qui serait majeure à l’échelle du globe. Mais ce n’est pas le cas et cela donne aux USA un poids considérable. Toute entreprise ayant des besoins en dollars passe sous les fourches caudines de Washington.
Faire une réponse européenne pour limiter les sanctions et maintenir l’indépendance des entreprises européennes en Iran, comme cela a été évoqué la semaine dernière, est une réponse politique aux conséquences économiques réduites.
Peut on en effet trouver rapidement un accord à l’échelle de l’UE pour faire face aux USA? On peut en douter. Et quand bien même un accord se ferait sur le principe quelle en serait la portée pratique? Il faudrait discuter d’un tas de détails qui sur d’autres dossiers retardent longuement les accords (c’est le cas par exemple sur la garantie des dépôts dans le cadre de l’union bancaire).
A court terme, avant la mise en œuvre des sanctions à l’automne, cela il paraît illusoire d’attendre une réponse complète et suffisante des européens.
Et puis l’euro ne peut pas devenir le dollar en un coup de baguette magique.
En d’autres termes, les sanctions vont être contraignantes pour les entreprises européennes en Iran en attendant un éventuel changement américain.