La publication des enquêtes Markit dans le secteur manufacturier permet de disposer d’une lecture précise de l’activité globale du secteur, de l’allure du commerce mondial et des attentes que l’on peut avoir sur l’économie. Ce secteur manufacturier, lorsqu’il a une trajectoire haussière, est toujours une source d’impulsion et d’amélioration de la dynamique de croissance. C’est hélas moins le cas au cours des derniers mois.
L’indicateur mondial de l’enquête Markit indique toujours que le secteur manufacturier est en expansion mais à un rythme qui ralentit mois après mois depuis le pic de décembre 2017. Cela devrait se traduire par un ralentissement supplémentaire du commerce mondial comme le suggère le graphe liant l’indice Markit et la variation sur un an du commerce mondial.
Ce qu’il faut avoir à l’esprit à la lecture de ce graphe est qu’il ne faut plus attendre d’impulsion en provenance du commerce mondial. Nous ne sommes plus en 2017 et les chocs successifs provoqués par Donald Trump sur les tarifs douaniers ne permettent pas d’imaginer un retournement à la hausse.
La décomposition géographique de l’indicateur mondial suggère un ralentissement à peu près partout sauf aux USA. Les indices américains sont toujours robustes tant à la lecture de l’indice ISM manufacturier (rajouté aux indices Markit sur le graphe) qu’à celle de l’indice Markit. Cela justifie implicitement l’allure de la politique monétaire de la Fed.
En revanche, partout ailleurs l’allure est plutôt orientée vers un ralentissement. La zone Euro connait l’inflexion la plus marquée. La courbe violette sur le graphe avait touché 60.6 en décembre 2017 et n’est plus qu’à 53.2. Tous les grands pays de la zone ralentissent et l’Italie est désormais sur le niveau de stabilité à 50.
Compte tenu des impulsions croisées et des effets de contagion au sein de la zone, imaginer une reprise rapide comme c’est attendu en France ou en Italie me parait illusoire. Peut on imaginer dans ces conditions que la BCE puisse s’inscrire dans une dynamique moins accommodante? Pas sûr.
Le ralentissement japonais est aussi marqué et est cohérent avec l’enquête Tankan. L’inflexion n’est pas brutale mais il n’y a plus d’accélération. Pareil pour le Royaume Uni même si l’indice a rebondi légèrement en septembre.
Les indices émergents tendent vers la stabilité. la Chine est stabilisée à 50 tout comme la Russie. L’Inde et le Brésil au sein des BRIC connaissent une expansion modérée insuffisante pour engendrer une forte impulsion, notamment au Brésil.
Dernier graphe, celui de la Turquie. L’activité est fortement pénalisée par l’impact des tensions sur la Turquie, de la dégradation de sa monnaie et de la hausse des taux d’intérêt qui en a résulté. Depuis le pic de janvier/février, l’indice a perdu plus de 10 points créant les conditions d’un franc ralentissement pour ne pas dire plus de l’économie turque.