La bonne nouvelle sur l’emploi est que le nombre d’emplois nouveaux dans le secteur privé est en hausse par rapport au deuxième trimestre. Il y a eu 30 200 emplois supplémentaires durant les mois d’été à comparer à juste 22 400 au cours du printemps. La mauvaise nouvelle est que la dynamique de l’emploi en 2018 est beaucoup plus réduite que l’an dernier. Sur les trois premiers trimestres de l’année il a été créé 33 800 emplois en moyenne par trimestre contre 82 100 sur les trois premiers trimestres de 2017.
Cette inflexion reflète celle de la croissance. L’expansion de l’activité a franchement ralenti depuis le début de l’année et l’emploi a suivi mais de façon plus marquée que le PIB. Le rebond du PIB au troisième trimestre, bien que limité, a été beaucoup plus rapide que celui de l’emploi.
La croissance modérée attendue pour la fin de l’année et pour 2019 (1.4%) ne plaide pas pour une allure très rapide de créations d’emplois sur le marché du travail.
Cela pose la question de l’efficacité des mesures prises sur le marché du travail en septembre 2017. L’objectif de celles ci étaient de rendre le marché du travail plus réactif face à l’évolution de l’activité. En effet, le marché du travail français tarde généralement à repartir de l’avant lorsque la croissance accélère et ce retard est bien plus marqué que dans les autres pays de la zone Euro sur ce cycle. Un des aspects des ordonnances était d’améliorer la réactivité du marché du travail pour améliorer la dynamique endogène de l’activité. Pour l’instant, les chiffres ne suggèrent pas une plus grande réactivité.
L’autre point est que dans la décomposition de l’évolution de l’emploi, la majeure partie du ralentissement est associé aux services marchands. En 2017, la contribution des services marchands à la croissance de l’emploi était entre 0.25 et 0.45. Le chiffre n’est plus que de 0.1% en 2018. On retombe sur des allures observées avant 2015 lorsque la croissance de l’activité était plus erratique.
On notera que l’emploi dans l’industrie est stable et c’est plutôt une bonne nouvelle.
Enfin, l’emploi intérimaire est toujours élevé mais à un niveau plus faible qu’au pic de début d’année (on ne dispose pas de la décomposition par secteur d’activité). On observe quand même le développement rapide de l’intérim qui est associé à une certaine précarisation de l’emploi. Comme les autres pays développés, le marché du travail s’ajuste par des contrats plus courts et plus aléatoires. Je ne suis pas certain que cela change rapidement. La hausse récentes des emplois en CDI, si la croissance retombe, ne serait alors que transitoire.
Annexe
On voit ici la réactivité plus lente de l’emploi lorsque la croissance repart de l’avant. Il y a ensuite un rattrapage rapide.