Le PIB (en volume) de l’économie française a convergé, en 2017, vers son niveau potentiel. C’est ce que montre ce graphe plein d’enseignements.
Au début de 2011, l’économie française se rapproche de son potentiel c’est alors que son mise en oeuvre des mesures d’austérité qui éloignent durablement le PIB observé du PIB potentiel.
En 2017, profitant d’un environnement très favorable, l’économie française converge à nouveau vers sa trajectoire potentielle. Cependant, le choc fiscal du début de l’année 2018 puis la hausse du prix de l’énergie ne permettent pas au PIB de passer au-dessus de sa tendance potentielle. L’économie française s’est calée sur le profil de son potentiel sans disposer de la capacité à aller plus vite. La croissance potentielle est de l’ordre de 1.3% par an.
Les mesures de politique économique ont limité ainsi la capacité de l’économie française à passer au-delà de sa trajectoire potentielle. Cela se traduit alors par une allure médiocre sur l’emploi. Le rattrapage constaté en 2017 ne se prolonge pas en 2018 ni en 2019. Certes l’emploi augmente mais à un rythme beaucoup plus lent. Dans sa note de conjoncture, l’INSEE table sur 107 000 emplois créés en 2018 après 341 000 en 2017. Le chiffre des créations d’emplois a été divisé par trois. C’est dans la conjoncture française le chiffre le plus inquiétant.
La difficulté de l’économie française vient de ce que les mesures de politique économique adoptées en début d’année ont mis un sacré coup de frein à la croissance (à peine 0.2% de croissance contre 0.4% en zone Euro et des chiffres comparables en 2017). Par la suite, l’incertitude grandissante à l’échelle globale, le ralentissement du commerce mondial ainsi que le moindre dynamisme de nos partenaires européens ont pesé sur la capacité de l’économie française à rebondir.
L’idée des mesures de politique économique mises en oeuvre par le gouvernement était de profiter d’un climat international favorable pour faire subir une cure d’amaigrissement à l’économie. L’environnement porteur permettait alors de limiter les risques pour le profil de l’expansion.
Le problème est que le climat global s’est vite détérioré et les perspectives de la croissance mondiale se sont réduites en phase avec une incertitude plus marquée.
En conséquence, l’économie française, qui avait plongé plus vite que les autres en début d’année, a été incapable de retrouver une allure satisfaisante et compatible avec les attentes du gouvernement sur la croissance. Celui-ci avait même pensé, au printemps, que la croissance allait s’accélérer vivement autour de 2%. On sera finalement à 1.5%. La croissance ne peut être un processus auto-réalisateur basé sur la méthode Coué pour renforcer les anticipations.
Cela a pour conséquence, un déficit budgétaire qui, pour 2018, tendra vers 2.8% et qui en 2019 sera certainement proche de 3.5% cumulant les effets des mesures récentes de relance et la baisse de la croissance attendue pour l’année prochaine. Et même si on ôte le 0.9% correspondant, en 2019, au CICE le déficit public restera élevé.
Cela traduit aussi l’idée que la réduction du déficit public en 2017 avait été porté principalement par la croissance (2.3%). Cependant, dès que celle ci est moins vive, la politique économique à l’oeuvre ne permet pas de maintenir l’allure de cette amélioration.
On est à la fin de 2018 et les questions finalement restent toujours les mêmes depuis 10 ans et les réponses apparaissent insuffisantes ou mal ajustées.