Le vote des britanniques valide le choix du Brexit et la sortie de l’Union Européenne le 31 janvier 2020. Boris Johnson a les mains libres pour définir sa stratégie.
La très large victoire de Boris Johnson aux élections britanniques ne laisse plus de doute quant à la volonté des britanniques de quitter l’Union Européenne le 31 janvier prochain. Ce raz de marée des conservateurs est un référendum sur le Brexit et le résultat du 23 juin 2016 est largement confirmé.
Le parti travailliste a été laminé, ce serait son plus mauvais résultat depuis 1935, et les libéraux qui militaient pour le Remain font un score médiocre et ne pèseront pas dans le nouveau parlement.
Les élections permettent d’éliminer l’incertitude sur ce point, il n’y aura pas de nouveau report et le 1er février prochain, le Royaume Uni sera hors de l’Union Européenne.
Le risque politique qui ressort de ces élections est la situation de l’Ecosse. Le SNP, le parti indépendantiste, avec 55 sièges, a une position très forte. Il souhaite le maintien de l’Ecosse dans l’UE et de fait on ne peut exclure un référendum écossais sur cette question dans les prochains mois.
Quelles sont les prochaines échéances ?
Le premier point à souligner est que Boris Johnson a fait campagne pour le Brexit et il a gagné. Cela veut dire que l’incertitude que l’on percevait au parlement depuis le référendum est levé. Il n’y aura plus les tergiversations constatées depuis cette date. Comme l’opposition est désormais très faible, il n’y aura pas d’alternative possible.
La prochaine étape est le retour au parlement, le 17 décembre, et la nomination de Boris Johnson comme premier ministre. Ensuite, les parlementaires devront voter le texte de sortie de l’Union Européenne (Withdrawal Agreement Bill) le 31 janvier prochain.
L’étape suivante, que Boris Johnson veut cantonner à l’année 2020, sera la négociation du cadre de l’accord commercial avec l’UE. Ce cadre doit définir les relations du Royaume Uni avec l’UE dans le moyen et long terme.
Sur ce point, il faudra que Boris Johnson adopte un langage plus clair que ce qu’il a indiqué jusqu’à présent.
En effet, les britanniques ont deux possibilités.
Soit ils veulent rester proches de l’Union Européenne avec accès au marché unique mais alors il faudra qu’ils acceptent de perdre une partie de leur souveraineté sur la fiscalité, le marché du travail, l’environnement tout en respectant les 4 libertés de mouvement (Hommes, capitaux, biens et services).
Soit ils veulent définir un cadre différent, avec par exemple une fiscalité attractive et des réglementations moins contraignantes que celles de l’UE (le fameux modèle de Singapour).
Il faudra choisir entre les deux options. Jusqu’à présent, Boris Johnson a décidé de ne pas choisir en souhaitant disposer de règles autonomes tout en conservant l’accès au marché unique. Sur le plan électoral c’était plus facile. Ce sera moins simple dans les discussions avec Bruxelles.
Il faudra cependant faire rapidement un choix car BoJo souhaite que la négociation sur ce cadre du traité commercial soit achevé à la fin 2020. Il ne faudra pas trainer. Si cela prend plus de temps qu’attendu, les britanniques peuvent demander, avant le 1er juillet, un report de 2 ans.
Sur le plan économique, la sortie certaine des britanniques réduit une partie de l’incertitude entourant l’économie. Cela s’est traduit, dans la nuit, par l’appréciation de la livre sterling autour de 1.35 contre dollar.
Au delà de ces mouvements de court terme que l’on va probablement voir aussi sur les marchés d’actions, la question du positionnement du Royaume Uni vis à vis du reste du monde reste posée et ne sera pas résolue spontanément par ces élections puisque le cadre dans lequel l’économie évoluera n’est pas encore défini.
Les signaux sur l’économie montre actuellement une situation précaire et l’on ne peut imaginer que, dans les prochaines semaines, les prochains mois, les investisseurs se ruent dans les iles britanniques. La défiance qui s’observe depuis le référendum ne va pas être spontanément levée et le coût déjà subi ne va pas être résorbé rapidement. Boris Johnson a promis un plan de relance, pourquoi pas mais attendons d’en voir le détail avant de changer d’avis sur le risque britannique. A court terme, le risque est un ralentissement supplémentaire de l’économie en phase avec l’allure du reste du monde.
Graphe
Ce graphe présente le PIB réel en niveau depuis le début de la reprise de l’économie britannique en 2013. J’ai calculé une tendance (en bleu sur le graphe) sur la période 2013 jusqu’au T2 2016, date du référendum, et je l’ai prolongé jusqu’au troisième trimestre 2019 (dernière donnée disponible). Si le Brexit a été le fait générateur de la divergence entre le PIB et sa tendance pré-référendum alors le coût de celui ci pour l’économie britannique a été pour l’instant de 3.1%. En suivant la tendance, le PIB serait 3.1% plus élevé.