Les Etats-Unis sont ils face à la plus grande rupture d’activité de leur histoire ?
C’est peut-être l’histoire que raconte le chiffre des inscriptions hebdomadaires au chômage.
Le nombre de cas de contamination
au Covid-19 explose aux USA.
La dégradation du marché du travail n’est pas terminée.
Le 20 mars le nombre d’inscriptions a été publié à 3 238 000. La semaine précédente, le 13 mars, ce chiffre n’était que de 282 000.
Jamais dans l’histoire de cette statistique, paraissant depuis janvier 1967, une telle rupture avait été observée. Le plus haut précédent était le 1er octobre 1982 avec une nombre d’inscrits de 695 000.
Cet indicateur hebdomadaire est un bon signal sur l’allure du cycle américain et le chiffre du 20 mars suggère une dépression plus qu’une récession. Le rapport de l’emploi du mois de mars pourrait indiquer plus de 800 000 destructions d’emplois. Ces données seraient aussi compatibles avec un repli sur un an du PIB américain dans une fourchette entre -4% et -5%.
La raison principale de cette brutale hausse des inscriptions est à trouver dans l’impact du coronavirus. La plus forte hausse cumulée est associée aux états ayant le plus de contaminés.
Le graphique ci-contre montre sur l’axe horizontal le nombre de contaminés au Covid-19 par état. La barre est le cumul des inscriptions au chômage par état avec la caractéristique du nombre de contaminés. Par exemple, la somme des inscrits dans des états ayant entre 1001 et 5000 contaminés est de 1 287 528.
Sur la semaine allant du 13 au 20 mars, le nombre de contaminés confirmés est passé de 2179 à 19 100. C’est beaucoup mais peu par rapport à l’évolution observée depuis. Le 26 mars, le nombre de contaminés confirmés américains passe au dessus du chiffre chinois, et s’inscrit à 83 836. En à peine une semaine, le nombre de contaminés américains a été multiplié par 4. Le graphe de la progression aux USA est éloquent.
Cela implique que le nombre d’inscriptions hebdomadaires au chômage va encore progresser très rapidement dans la semaine du 21 au 27 mars.
Une conséquence directe est la baisse du nombre d’emplois dans le rapport sur le marché du travail qui sera publié le 3 avril. Généralement, lorsque le nombre d’inscriptions hebdomadaires au chômage est autour de 400 000 alors il n’y a pas de création nette d’emplois.
La publication des chiffres de la semaine du 13 au 20 mars change l’échelle du graphe. On voit sur la droite du graphique, l’impact des inscriptions publiées le 20 mars.
D’un seul coup, la contraction de l’emploi pourrait être à l’échelle de ce qui avait été observé après plusieurs mois de crise en 2008.
On peut anticiper quelques 800 000 suppressions d’emplois, peut être plus….
Un tel repli de l’emploi va se traduire par une contraction rapide de l’activité. Le PIB pourrait se contracter sur un an de 4 à 6% au deuxième trimestre.
Le dernier aspect de ce rapport sur les inscriptions au chômage est l’impact politique qu’il aura. On relève que c’est dans les états qui ont voté Trump en 2016 que les ajustements sont, en moyenne, les plus importants. Dans les états ayant votés républicains, les inscriptions hebdomadaires ont augmenté de 1 478 000 alors que dans les états ayant voté démocrates la hausse est de 1 169 000. Les états industriels sont très touchés, ce sont ceux qui avaient voté pour le locataire de la Maison Blanche en 2016. Si la crise s’accentue en raison de la propagation du Covid-19, la situation pourrait encore s’aggraver dans ces états et pénaliser le vote républicain le 3 novembre prochain.