L’ajustement de l’emploi touche fortement les 25-55 ans (hommes et femmes), beaucoup plus que dans les crises précédentes (le taux d’emploi des hommes est au plus bas). C’est la partie au cœur de la productivité et de l’efficacité de l’économie US. Si la crise dure, leur employabilité diminuera et l’économie sera durablement pénalisée, moins de productivité et des salaires plus faibles.
Les superlatifs ne vont pas manquer pour commenter les chiffres du rapport de l’emploi américain. Les pertes d’emplois ont été de 20.5 Millions, le taux de chômage s’est inscrit à 14.7% de la population active et le taux de salaire de référence augmente sur un an de 7.9%.
Quelques remarques
1 – La baisse de l’emploi est cohérente avec les données hebdomadaires d’inscriptions au chômage. Sur le mois d’avril, le nombre d’inscriptions hebdomadaires a augmenté de 20.1 millions et le nombre d’inscrits percevant les allocations chômage est de 22.7 millions à comparer avec un nombre de chômeurs de 23 millions.
2 – La perte d’emplois du mois d’avril efface quasiment 10 ans de progression puisque le niveau de l’emploi d’avril 2020 est comparable à celui de février 2011.
A noter que le chiffre de mars a été fortement révisé à la baisse passant de -701 000 à – 870 000.
3 – Le taux de chômage de 14.7% est minoré d’environ 5% en raison d’un mauvais report dans la collecte des données. Le Bureau of Labor Statistics l’indique lui même. Des personnes en chômage temporaire ont été inscrites comme travaillant mais absentes de leur poste. Cela correspond à 5% de taux de chômage supplémentaire. Celui-ci devrait donc être autour de 20%.
4 – Le taux d’emploi est au plus bas depuis le début des statistiques mensuelles en 1950. Il y a d’importants ajustements sur la population jeune et sur la population âgée.
Plus intéressant est le taux d’emploi des 25-55 ans. Les 25-55 ans sont ceux dont les emplois s’ajustent le plus lentement lors des chocs sur l’économie. Ce sont ceux qui ont un emploi stable et généralement les moins remis en cause lors des ajustement à des chocs. Pour l’ensemble de la population le taux d’emploi recule de 10 points vers un niveau qui n’avait pas été constaté depuis le tout début des années 70.
Plus intéressant, la décomposition hommes/femmes montrent que le taux d’emploi des hommes est au plus bas depuis 1950. L’ajustement s’est fait en grande partie sur les hommes au cœur du marché du travail (-10 points de taux d’emploi) . Pour les femmes également le taux d’emploi a reculé de 10 points aussi. Mais ce n’est pas le plus bas historique puisque le taux d’emploi des femmes ne progresse réellement (au dessus de 50%) que dans les années 70.
L’ajustement du marché du travail ne se fait pas à la marge, sur les jeunes et sur les vieux mais sur la force vive de l’emploi américain. Si la crise ne dure pas, leur employabilité ne sera pas écornée et ils pourraient retrouver un job facilement. Si la crise dure, ce qui est le plus probable, leur employabilité va se réduire et maintenir un taux d’emploi relativement bas, affectant ainsi la productivité et l’efficacité de l’économie US.
5 – L’évolution rapide du taux de salaire reflète un effet de composition. Les emplois qui ont été réduits sont ceux dans les services de personnes qui étaient mal payées. L’ajustement est brutal comme dans toutes ces statistiques du rapport de l’emploi.