La BCE a accru les moyens du plan spécifique à la pandémie. Le PEPP (Pandemic Emergency Purchase Programme) passe ainsi de 750 Mds utilisables jusqu’en décembre 2020 à 1350 Mds utilisables jusqu’à la la fin juin 2021. Un saut de 600 mds qui n’est cependant pas pleinement convaincant.
Comme le suggère Frédéric Ducrozet, au rythme des achats actuels (6 Mds par jour) le montant de 1 350 Mds sera totalement épuisé le 21 février prochain. Faut il s’attendre à une rallonge de près de 600 Mds à nouveau pour aller jusqu’à la fin juin?
Il y a une question de calibrage que l’on retrouve dans les prévisions publiées ce jour par l’institution monétaire.
Les prévisions de juin prennent en compte les effets de la pandémie. Le PIB se contracte de -8.7% en 2020 et l’inflation est à 0.3%. L’inflation sous jacente s’inscrit à 0.8% en 2020.
Quand je compare avec les prévisions du 12 mars (0.8%, 1.1% et 1.2% respectivement), je m’interroge sur la capacité à se projeter de la BCE. Le 12 mars dernier, l’Italie était déjà confinée et la France s’y préparait activement. Rien, dans les prévisions ne laissent transparaître ce phénomène particulier. Ce qui n’était alors qu’une épidémie n’était pas perçue comme un phénomène macroéconomique. Ces deux pays confinés n’étaient pas perçus comme pesant sur la croissance. On peut s’interroger.
A ne pas vouloir affoler en communiquant sans provoquer de bouleversements, le risque est la perte de crédibilité.
Si la capacité à se projeter de la BCE est si réduite, comment appréhender et justifier la taille des mesures de politique monétaire mises en œuvre ? Quel est la rationalité des 600 Mds ? Pourquoi pas plus directement ?