Le plan de relance présenté par le premier ministre Jean Castex est très ambitieux.
Il a pour objectif de ramener le PIB français à son niveau d’avant crise dès 2022 et de retrouver une dynamique de l’emploi suffisamment forte pour rendre pérenne l’expansion de l’activité.
C’est un plan d’un montant de 100 milliards d’euros qui vient après les mesures prises au printemps sur le chômage partiel, de prêts garantis par l’Etat ou encore des reports de charge. L’impact global est massif puisque cela représente entre 9 et 10 points de PIB. C’est un plan d’une taille conséquente qui ne rougit pas des comparaisons.
Le plan présenté le 3 septembre appelle 4 remarques.
1 – C’est un plan à 3 dimensions
La première dimension porte sur la rénovation et l’amélioration de l’existant. Elle porte la transition énergétique et les transports. Il faut que l’économie française s’adapte au cadre nouveau sur l’énergie et la nécessité de décarboner l’économie.
La deuxième dimension est celle de la préparation de l’avenir. L’objectif est d’améliorer la compétitivité et l’attractivité de l’économie française. Il faut préparer l’économie de demain et lui donner les capacités de s’adapter à un monde nouveau qui sera forcément différent de celui d’avant la crise. Il faut être capable de générer des revenus nouveaux et cela passe par la capacité à croître et à se développer de façon efficace pour les entreprises.
La troisième dimension est celle portant sur la situation des femmes et des hommes en France dans cette période complexe sur le plan économique. Cette partie porte sur la formation, les emplois aidés, la procédure de chômage partiel mais aussi sur le Ségur de la santé.
Le plan global de 100 Mds est reparti de façon équivalente entre ces 3 dimensions.
2 – Ce n’est pas un plan de relance au sens traditionnel
Ce plan ne présente pas de choc sur la demande comme il est généralement attendu lors des phases de rapide ralentissement.
Il y a une double raison à cela.
La première est que les ménages ont été les moins affectés par la crise que les autres acteurs de l’économie, en raison notamment de la mise en place de la procédure de chômage partiel. Si l’on suit les calculs publiés par l’Insee, le revenu disponible entre le 2ème trimestre 2019 et le 2ème trimestre 2020 a reculé de près de 51 milliards pour les administrations publiques, 36 Mds pour les entreprises et 3.6 Mds pour les ménages. En d’autres termes, le coût de la crise a été porté à hauteur de 56% pour les administrations publiques, de 40% pour les entreprises et de seulement 4% pour les ménages.
La deuxième remarque est que les ménages ont accumulé une épargne supplémentaire de 100 Mds depuis le début du confinement (voir ici). C’est cet argent qui doit être remis dans le circuit pour dynamiser l’expansion. Une aide supplémentaire pourrait avoir tendance à être thésauriser.
De ce point de vue, il me paraît plus efficace de prendre des mesures sur l’emploi (emploi des jeunes (formation), emplois aidés (parcours d’insertion et service civique) pour réduire l’incertitude. Cela paraît plus pérenne.
Quant à une possible baisse de TVA, elle ne paraît pas très efficace en Allemagne actuellement et les expériences françaises ne sont pas concluantes sur ce point.
3 – Attractivité de l’économie française
Plusieurs mesures doivent être invoquées. La baisse des impôts de production (2 fois 10 Mds en 2021 et 2022) permettront de réduire les charges sur les entreprises puisqu’ils ne sont pas liés à la profitabilité des entreprises mais sont des coûts fixes. Le montant de 1 Mds pour inciter à maintenir l’activité en France et à la développer. Le montant de 3 Mds de garantie sur des prêts participatifs (15 Mds avec le levier), permettant de pérenniser les entreprises.
L’ensemble de ces mesures sont orientés principalement vers les ETI et les PME.
L’idée n’est pas de relocaliser la production qui actuellement est faite en Asie ou ailleurs mais de créer des incitations pour que la production se maintienne et se développe sur le territoire français. L’autre dimension est que cette attractivité nouvelle pourra permettre la création et/ou le renforcement de secteurs d’activité stratégiques sur le territoire français. Il faut inventer l’économie de demain et qu’elle se développe en France.
4 – L’exécution
Pour être efficace dans la durée, l’allocation des crédits doit être efficace. Les crédits demandés doivent être utilisés rapidement sous peine d’être remis au pot commun pour être utilisé ailleurs.
Bercy sera à la manœuvre et un comité de suivi sera mis en place.