La publication des prévisions de croissance par la Banque de France a provoqué de nombreux commentaires reflétant d’importantes confusions. Le repli attendu par la banque centrale est de -8.7% en 2020 mais le rebond serait de +7.4% pour 2021. De nombreux commentateurs ont crié au fou car jamais l’économie française ne pourra faire 74% car nous ne sommes plus dans les trente glorieuses.

Comment comprendre ?

L’explication pour comprendre ce chiffre exceptionnel mais probable de +7.4% est toute simple.
En 2020, l’économie est tirée vers le bas durant la période de confinement. Pendant cette période le PIB (en volume) recule de -13.8% au 2ème trimestre. Cependant, depuis la sortie du confinement, l’activité s’est reprise. Il y a un rattrapage important sur la consommation et la production. De la sorte, le chiffre de croissance du PIB sera très fort au cours des mois d’été avant de converger vers un niveau plus modéré. Le graphe montre en violet le profil du PIB en France en intégrant les prévisions faites par l’Insee aux 3ème et 4ème trimestres.

Un graphe vaut mieux qu’un long discours

J’ai fait figurer sur le graphe la moyenne du PIB en 2019 et 2020. La contraction du PIB en 2020 est la comparaison des deux moyennes. Le chiffre moyen de 2020 est inférieur de 9% à celui de 2019 (je n’ai repris que des chiffres de l’Insee sur le graphe).
Pour calculer la croissance de 2021 on mesurera la moyenne du PIB cette année là que l’on comparera à celle de 2020. On ne la connait pas encore mais on a une idée de son point de départ qui est le dernier point de 2020.
Si le PIB restait au niveau de la fin de 2020 alors la croissance pour 2021 serait de 4.8%. Ce calcul est celui de l’acquis, l’avance prise à la fin de l’année pour l’année suivante. C’est ce point qui est essentiel pour comprendre l’ampleur du chiffre pour 2021.
La croissance moyenne de l’économie française avant la crise sanitaire était de 1.45%, on peut imaginer y retourner. Cela fait 4.8+1.45 soit 6.3%. On peut ajouter un effet d’impulsion de la politique économique via le plan de relance et l’on dépasse rapidement les 7%.
Le chiffre sera donc élevé mais il comporte deux composantes: la partie résultant du profil atypique de 2020 avec un point d’arrivée bien plus haut que la moyenne du PIB de 2020 et une composante spécifique à 2021 qui sera plus réduite.
Pour aller plus loin, voir ma note sur la mesure de la croissance

Voir aussi l’infographie faites sur cette question