L’impact du confinement de novembre peut être fait en référence à la rupture du 2ème trimestre lorsque le PIB s’était contracté de -13.8%. Une hypothèse conservatrice est de prendre -6% sur le dernier trimestre 2020. Dans ce cas, le PIB se contracterait de -10.8% en 2020 et avec rebond au premier trimestre 2021, la croissance serait de l’ordre de 3.5% en 2021 et le retour au niveau de 2019 ne se ferait pas avant 2026. Le risque sur toute cette période porte sur l’emploi et les systèmes sociaux.
Le président Macron a annoncé à 20h00 un nouveau confinement pour la société française tout au long du mois de novembre et jusqu’au 1er décembre avec la possibilité d’en modifier les termes au bout de 15 jours.
La principale différence avec celui du printemps 2020 est le maintien de l’ouverture de l’école. Il n’y aura pas de situation de garde d’enfants pour l’un des parents. C’était au printemps dernier, une situation qui avait contraint la force de travail et qui avait été pénalisante pour l’activité.
L’un des objectifs du président Macron est que l’économie continue de fonctionner de la façon la plus solide possible. Le télétravail serait mis en avant pour maintenir l’activité. Mais cela ne concerne qu’un gros tiers des emplois.
On disposera de détails dans la journée de jeudi, notamment sur les activités qui ferment et celles qui peuvent continuer de fonctionner.
Quel impact macroéconomique?
La référence pour mesurer l’impact du confinement du mois de novembre est de se référer à celui qui avait durer presque 2 mois au printemps (17 mars-11mai). Sur la période du deuxième trimestre, le PIB avait reculé de -13.8% (mais le confinement n’avait concerné qu’un peu moins d’un mois et demi sur le T2) et le coût estimé par l’Insee était de l’ordre de 2 milliards par jour.
Compte tenu du fait que les enfants continueront d’aller à l’école et que le confinement est plus court de 15 jours, on peut faire une estimation très conservatrice pour fixer les idées en prenant environ la moitié de la perte observée au deuxième trimestre.
La séquence connue est celle des évolutions du PIB des premier et deuxième trimestres. Les chiffres étaient de -5.9% et de -13.8%. On peut rajouter le chiffre qui sera connu vendredi 30. Il était prévu à 16% par l’Insee le 6 octobre dans sa dernière note de conjoncture, le consensus est à +15.4%. L’Insee prévoyait aussi alors une stagnation du PIB au dernier trimestre. On peut prendre -6% (presque la moitié du T2) pour fixer les idées. C’est ce qui est présenté sur le graphe.
Selon ce schéma, l’acquis de croissance est négatif à la fin 2020 pour 2021. Cet acquis serait de -1.4% (dans les prévisions d’octobre de l’Insee, l’acquis était de +3.6%). En 2020, le PIB reculerait de -10.8%
Pour 2021, on peut s’attendre à un rebond limité au premier trimestre puis une convergence vers le chiffre moyen constaté de 2013 à 2019 soit 1.46%. Dans ce cas, la croissance du PIB en 2021 serait de l’ordre de 3.5%
Quelle projection à moyen terme ?
Le profil de l’activité pour la suite est franchement affecté. Une autre hypothèse conservatrice est de caler la croissance tendancielle de l’économie sur sa performance d’avant 2020, soit 1.45% par an. C’est probablement un peu excessif compte tenu du peu d’investissement productif en 2020 et 2021. J’ai pris ce chiffre de 1.45% jusqu’en 2030. C’est la courbe bleue. La courbe rouge pointillée est celle calculée à partir des chiffres de l’Insee d’octobre avec l’hypothèse de 1.45%.
Dans le scénario de référence, le retour vers le PIB de 2019 ne serait atteint qu’en 2026/2027. Dans le scénario de l’Insee, cette convergence s’opèrerait plutôt vers 2024.
Le risque majeur
Le risque majeur est que jusqu’en 2027, dans le scénario de référence, l’emploi restera sur une allure médiocre. Il faudra prendre des mesures importantes pour ne pas se retrouver avec une situation sociale trop fragile. Le délitement du système social face aux conséquences de cette crise sanitaire est le risque le plus préoccupant. L’effort budgétaire devra faciliter le retour à l’emploi. La convergence vers l’équilibre budgétaire sera long et la BCE va encore être largement et durablement mise à contribution.
___________________________________________________________
Ce poste est disponible sous forme d’infographie téléchargeable